Le second confinement est lancé.

Le virus continue de se répandre dans le contexte d’une France dont le peuple fait comme si rien n’existait autour de lui. C’était à prévoir : on atteint le point du reconfinement.

L’Etat a tout fait pour ne surtout pas en arriver là à nouveau. La France ne pouvait pas le supporter, mais la réalité vient encore une fois frapper le pays de toute sa force. Il devient de plus en plus difficile de se voiler la face, de continuer de prétendre que tout ça n’est qu’une tempête dans un verre d’eau, que ça va passer, que ce n’est pas grave. Il y a récemment eu dans le pays le cas dramatique d’une femme de 29 ans en pleine santé, sans maladie aggravante, morte en trois jours du coronavirus… La faute à ceux qui se sont comportés en égoïstes et ont refusé de jouer le jeu. La faute à une société décadente, où les masses éclatées et désorientées sont poussées à n’en faire qu’à leur tête, à se regarder le nombril sans considération non seulement pour les plus fragiles, mais aussi pour les moins fragiles qui risquent tout de même leur vie malgré le risque moins élevé.

Le capitalisme français va donc une nouvelle fois souffrir d’un ralentissement, quoique moindre par rapport à la première fois car l’Etat est toujours et plus que jamais dans l’optique de combattre l’épidémie tout en sauvant l’économie. Cela donne un confinement plus mou, plus permissif, notamment vis-à-vis des entreprises. Il y a fort à parier, d’ailleurs, que les travailleurs y soient d’autant plus exploités que le rythme ne doit surtout pas baisser, même si plusieurs collègues vont devoir rester chez eux. La crise s’accentue, le pays s’enfonce toujours plus profondément dans la fuite en avant consistant à faire peser le poids de l’échec bourgeois sur les épaules des masses laborieuses. Et, évidemment, la voix du néo-gaullisme se fait entendre de manière plus forte. On l’a vu avec Pierre de Villiers, qui distille de plus en plus ouvertement son discours politique de droite : il se voit comme un sauveur qui viendrait remettre de l’ordre dans le pays, par en haut. Un nouveau De Gaulle, un nouveau Pétain, en somme, au milieu d’un océan de Français apathiques, confis dans le libéralisme, et la passivité politique. Alors qu’il faudrait s’opposer aux monopoles, relancer plus que jamais la lutte des classes, voilà que refleurissent les refrains sur l’« union nationale », l’ordre… Bientôt la « révolution nationale » ? Les Français comptent-t-ils se réveiller ? Rien ne semble l’indiquer, dans l’immédiat.

En Auvergne, et comme partout d’ailleurs, on a donc vu le triste spectacle de l’individualisme dans les centaines de kilomètres de bouchons générés par des automobilistes paniqués souhaitant faire leurs courses et fuir les villes pour les plus aisés, avant le début du confinement. Ignorent-ils que, à l’instar du dernier confinement, il est tout à fait possible de sortir faire ses courses ? Evidemment que non. Personne ne l’ignore. Mais l’individualisme prime, et tout le monde veut être le premier, ce qui aboutit en réalité à l’enfer pour les travailleurs qui pour beaucoup ont connu une journée de travail absolument atroce, avec un risque de tomber malade évidemment accru, mais aussi que finalement, tout le monde est arrivé dernier, coincés des heures durant au milieu de tous ceux qui, comme eux, se jugeaient plus malins que les autres à sortir avant de ne plus pouvoir.

La situation de notre région n’est guère réjouissante et il y a de quoi s’inquiéter. Les hôpitaux comment à saturer : si dans le Puy-de-dôme, le taux d’occupation des lits est de 32%, il est de 63% dans l’Allier, de 88% dans le Cantal et de 113% en Haute-Loire ! Concernant ce dernier département, ce sont vraisemblablement les échanges avec Saint-Etienne, ville vers laquelle une bonne partie du département est naturellement tourné, qui sont en cause. En effet, le département de la Loire connaît une circulation très forte du virus, avec un pic au Chambon-Feugerolles. En ce qui concerne les cas en réanimation, il y en a 15 dans l’Allier, 7 dans le Cantal, 26 dans le Puy-de-dôme et 9 en Haute-Loire. Face à cette situation qui n’est pas amenée à s’améliorer rapidement, l’attitude irresponsable d’une large partie de la population, ainsi que des pouvoirs publics, est catastrophique et laisse présager une prolongation de l’épidémie et, par ricochet, un enfoncement encore plus profond du pays dans la crise. Ils est temps que les masses se réveillent et reprennent les choses en main.

Le constat est simple : les Français sont face à un changement d’époque qu’ils peinent encore à percevoir, intoxiqués de libéralisme et d’individualisme. Il revient à la Gauche d’ouvrir la voie pour que ce changement d’époque se fasse sous la bannière du socialisme, et pas pour que sa nécessité soit niée et détournée dans un soutien au capitalisme par la militarisation, le nationalisme guerrier, l’agression des pays jugés ennemis… l’accession au pouvoir du fascisme qui se profile à l’horizon, dont le général De Villiers est un des représentants les plus dangereux, avec Marine Le Pen et Marion Maréchal.

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