La Gauche

La Gauche est historiquement un courant politique organisé, inspiré par la raison, le progrès et l’universalisme, luttant pour le pouvoir afin de proposer un changement de système économique et social, un ordre nouveau, un niveau supérieur dans l’organisation de la société humaine et porté par les masses populaires, c’est-à-dire les forces sociales qui ont intérêt à l’affrontement avec les classes dominantes et à une société nouvelle. Aujourd’hui, il s’agit pour la Gauche de renouer avec son identité ouvrière et socialiste, tout en ayant conscience de la nécessité de changer radicalement le rapport de l’humanité à la Biosphère terrestre, et notamment aux animaux.

C’est vrai que, à l’heure où la Gauche française est éparpillée en mille morceaux, il est difficile de s’y retrouver. Au siècle dernier, c’était simple : la gauche était issue du mouvement ouvrier, était communiste ou socialiste, désirait la fin du capitalisme et l’avènement d’une société non plus basée sur le profit mais sur la satisfaction des besoins de la population entière. Cette Gauche-là a aujourd’hui presque totalement disparu, ou peu s’en faut. Pourquoi ? La société a-t-elle donc tant changé depuis ? Voyons cela.

Avant toute chose, il convient de trancher. Le capitalisme existe-t-il toujours et y a-t-il toujours des classes sociales s’opposant ? La réponse paraît évidente : oui. Oui, notre société est toujours basée sur un mode de production où les moyens de production sont privés, où la production est destinée au marché et non aux besoins et où la quête de profit est permanente. De ce fait, il y a donc toujours une classe qui possède les moyens de production, et une classe qui ne vit qu’en vendant sa force de travail.

Ainsi donc, quand on entend des organisations de Gauche parler « DES » classes « populaires », des « classes moyennes » et des « riches », on ne peut qu’être consterné par la superficialité de leur analyse de notre société. Ces gens-là résument les différences sociales à la quantité d’argent qu’ils possèdent. L’existence des deux blocs antagonistes de la société est niée, ainsi que les rapports sociaux qui découlent du mode de production lui-même. On bascule vite dans la critique très religieuse du capitaliste vu comme un individu « riche immoral ». Ce n’est pas une affaire d’individu, mais de production.

De même, entendre des gens supposément de Gauche dire qu’il n’y aurait plus de prolétariat (ou « plus de travail ») du fait de la robotisation, est proprement désespérant. La robotisation permet de réduire le travail humain, sur la base duquel se forme la valeur d’échange du produit. Sans ce travail humain, on peut baisser (en ne payant plus de salaire) le coût du produit mais, en parallèle, le capitaliste extorque moins de plus-value et voit son taux de profit baisser de manière tendancielle. De ce constat, la Gauche doit tirer la conclusion suivante : une robotisation totale destinée à libérer l’Homme des tâches difficiles est impossible sous le capitalisme. Il ne faut pas avoir peur des machines, bien au contraire, mais cela suppose de mettre un terme au capitalisme.

La Gauche historique a toujours été universaliste, rationaliste et matérialiste. De ce fait, elle porte en son cœur l’affirmation de l’unicité de la matière en mouvement. Ainsi, elle rejette tout anthropocentrisme et tout idéalisme. Aussi, sa défense de la Nature n’est pas un supplément d’âme, ni une forme de compassion, ni une crainte de voir l’espèce humaine disparaître. En défendant la Nature dans son ensemble, dans son unicité diverse, elle reconnaît l’Humanité comme faisant partie de ce tout, de cet équilibre dont tous les aspects sont d’égale valeur. Cet équilibre tout particulier, c’est la Biosphère : une associations de paramètres, imbriqués les uns dans les autres, qui permet la vie sur notre Terre. Notre Gauche, la Gauche historique, défend donc la vie sous toutes ses formes, et porte le projet d’une société où les activités humaines seraient parfaitement insérées dans ce fameux équilibre.

Cet universalisme et cette volonté de dépasser le capitalisme poussent notre Gauche, la Gauche historique et authentique, à refuser tant le populisme et le chauvinisme que le post-modernisme et le libéralisme culturel dans lequel la gauche s’enferre depuis longtemps. Nous rejetons autant le discours imbécile du « peuple contre l’oligarchie » et la défense de la « Nation » que celui qui consiste à mettre en avant des « minorités », des particularismes, des individus, leurs ressentis subjectifs ou leurs goûts de consommateurs. Ces deux discours rejettent l’héritage de la Gauche historique et en grèvent la renaissance pourtant aujourd’hui nécessaire.

Nécessaire et même indispensable ! A l’heure où la société capitaliste décadente est une nouvelle fois en crise, se produit de nouveau une montée du fascisme, qui se manifeste par un renforcement de l’agressivité des monopoles et de la tendance à la guerre internationale, ainsi que par une montée d’idéologies réactionnaires, chauvines, anti-rationnelles, complotistes. Face à cette menace, il est du devoir de la Gauche de brandir haut l’étendard de la culture, de la science, de la raison et du progrès ! L’étendard universaliste d’une nouvelle société où l’Homme vivra en harmonie avec la Biosphère, et où on ne produira plus pour le profit mais pour le bien de la population.