Raymond Thuel

Fils d’Alphonse, mécanicien, et de Marie Dajoux, repasseuse, Raymond Thuel est issu d’une famille ouvrière. Il habitait 5 place de Belfort à Thiers (Puy-de-Dôme). Son frère Robert fit des études brillantes au collège avant de rejoindre la Faculté des Lettres de Clermont-Ferrand sous l’Occupation. Raymond est le chef de famille depuis le décès de son père. Après avoir été à l’Ecole pratique de Thiers il devient ouvrier mécanicien. C’est au moment du Front populaire qu’il adhère d’abord aux Jeunesses communistes (JC) puis au Parti communiste (PCF). Classe 1937, il est recruté dans la Marine comme mécanicien et fit le tour du monde.

Après la déclaration de guerre, il participe à une attaque navale contre la ville de Gênes et reçoit pour son action une citation à l’ordre de la Division navale ainsi que la croix de Guerre. Il est démobilisé suite à l’armistice, rejoint Thiers fin 1940 puis réintègre le Parti communiste devenu clandestin, sous l’impulsion thiernoise de Marcel Leclerc. Installé mécanicien à son compte, il a son atelier rue de l’industrie. Chaque soir, il se transforme, au moins à partir de 1942, en dépôt de tracts puis d’armes légères, de grenades.

C’est auprès de lui et de Francine Trioullier que René Dumont, alors âgé de 19 ans, est envoyé pour prendre les consignes afin de poursuivre la construction des Forces Unies de la Jeunesse Patriotique à Thiers lors du départ d’Alain Joubert pour la clandestinité chez les FTP en janvier 1943. Raymond Thuel a beaucoup œuvré pour recruter des jeunes formant les futurs groupes FTP, en particulier pour le camp Guy Môcquet, installé dans le secteur de Fournols à ses débuts. Il avait pour pseudonyme Richard.

Il a été arrêté avec sa mère, son frère et sa grand-mère chez lui par 8 hommes de la Milice dans la nuit du 28 janvier 1944. L’opération est menée par Tanguy de Clinchamp de Bellegarde, chef de cohorte de la Franc garde de Thiers. Raymond Thuel est roué de coups, chargé dans une voiture et emmené livré au SD qui les interrogent à Chamalières. Son frère Robert fut lui aussi gardé plusieurs jours ; il prit froid et, de santé fragile, devait décéder le 2 avril suivant d’une crise cardiaque, conséquence de son incarcération. Raymond Thuel est torturé. Il passe de cellules en cellules avant d’être transféré à la prison allemande de Moulins où il retrouve plusieurs thiernois puis ils sont déportés.

Il a fait partie du convoi I-206 du 27 avril 1944 au départ de Compiègne (Oise), à destination d’Auschwitz-Birkenau (Pologne). Il eut le matricule : 186471 à Auschwitz. Il fut transféré sur Buchenwald, affecté au kommando de travail de l’usine Klinker (dépendant de Sachsenhausen) à la fabrication des grenades de Panzerfaust. Le 10 avril 1945, un bombardement allié détruisit entièrement l’usine et les survivants du Kommando regroupés à Barth pour l’usine d’avions Heinkel. Raymond Thuel est mort du typhus le 23 mai 1945 à Barth (Allemagne) avant son rapatriement et après avoir été libéré par les Soviétiques.

Il a été reconnu “Mort pour la France”, membre du Camp Gabriel-Péri relevant du 103e Bataillon FTP du Puy-de-Dôme, avec durée des services homologuées du 1er mars 1943 au 28 janvier 1944. Il a également été homologué FFI.

Son nom figure sur la plaque commémorative du Centre Culturel Blaise Pascal à Clermont-Ferrand, ainsi que sur le monument aux Morts de Thiers.

https://maitron.fr/spip.php?article231800, notice THUEL Raymond, Jacques, Mary [pseudonyme dans la résistance : Richard] par Eric Panthou, version mise en ligne le 6 septembre 2020, dernière modification le 13 septembre 2020.