Grève du 17 septembre : le syndicalisme français en dehors de l’Histoire

Jeudi, la CGT, la FSU, Solidaires et l’UNEF appelaient à une grève interprofessionnelle dans tout le pays et donc également en Auvergne. Un appel à manifester devant la préfecture du Puy-de-dôme, à Clermont-Ferrand, a également été lancé par les syndicats. Force est de constater que cette journée trahit une fois de plus le décalage entre le syndicalisme français et les exigences de notre temps, peut-être même plus encore cette fois-ci, étant donné l’échec total de cet appel.

En effet, au niveau des transports, l’impact a été très limité, de même que dans l’Education nationale et dans les autres secteurs. Si ni les cheminots ni les profs ne font grève, alors ça devient grave ! La manifestation clermontoise n’a réuni, quant à elle, que 200 à 400 personnes, ce qui est dérisoire, étant donnés les enjeux. Certains, dans les jours qui l’ont précédé, annonçaient une grève générale… Combien ils paraissent ridicules le lendemain.

Le texte du tract intersyndical du Puy-de-dôme est parfaitement révélateur de cette nullité du syndicalisme français. Pour faire court, les syndicats dénoncent la gestion gouvernementale qui, selon eux, accentuerait la crise en prétendant continuer de faire comme avant, avec une gestion libérale. Implicitement, ils se posent ainsi en meilleurs gestionnaires de la société, soucieux de résorber la crise sans en faire payer le prix aux travailleurs. Est-il possible d’être plus décalé ?

Ce qu’il faut, ce n’est pas résorber, en bons gestionnaires, la crise économique, sociale et écologique. Ce n’est pas faire de la gestion sociale du capitalisme en menant une politique sociale pour éviter le conflit et pacifier la société. La crise est là et ce qui importe, c’est d’en faire payer le prix à la bourgeoisie. Il ne s’agit pas de faire le concours du meilleur cogestionnaire du capitalisme, mais de porter son dépassement, et de porter le socialisme. Cela, évidemment, c’est le travail de la Gauche mais elle est, elle aussi, aux abonnés absents. Depuis qu’EELV a fait un score moyen dans les centres-villes à deux élections marquées par une abstention record, voilà que la « gauche » en décomposition lorgne de ce côté, imaginant un Jadot ou un Piolle comme sauveurs possibles et ce parti hypocrite et profondément opposé aux valeurs de la Gauche historique comme vaisseau amiral de l’armada des électoralistes petits bourgeois fonçant s’échouer sur les écueils du capitalisme en crise et du fascisme montant.

Olivier Faure entend placer son parti à la remorque d’EELV, tandis que les hollandistes s’y opposent mais pour défendre une ligne droitière. Génération.s, qui prétendait à sa fondation réunir la Gauche, dépasser le capitalisme, et parlait même encore parfois de socialisme et de bourgeoisie, a capitulé et revendique fièrement son ralliement à EELV, aux côtés de groupuscules opportunistes liés à la droite. La France insoumise, tente également un rapprochement pour éviter de couler, mais espère toujours que tout le monde se ralliera à Jean-Luc Mélenchon aux prochaines présidentielles. Finalement, seul le PCF semble vouloir affirmer une ligne politique à la fois autonome et rassembleuse… mais on se demande bien laquelle, au fond, quand les deux seules voies que semble généralement connaître ce parti désormais sont un retour à l’ère marchaisienne et une liquéfaction bobo « progressiste ». Le député Chassaigne est un exemple marquant de ce flou idéologique, comme nous le rappelions récemment.

Tout ceci est pitoyable. Ces gens sont coupés de l’Histoire qui, pourtant, continue d’avancer. Nous entrons dans une crise d’une violence incroyable. La casse sociale va être terrible, tandis que la faiblesse de la puissance capitaliste française pousse toujours plus au néo-gaullisme, à l’agressivité internationale et à la guerre, comme le montre le rôle joué par la France dans le conflit opposant la Grèce à la Turquie. Tous les moyens sont bons pour réactiver le capitalisme français : la mise en avant de l’armée, l’agressivité économique à l’étranger, la casse sociale, l’offensive des chasseurs…

Les masses doivent se réveiller et la Gauche historique renaître. Karl Kautsky, éminente figure de la social-démocratie allemande le disait très bien :

« Une persistance dans la civilisation capitaliste est impossible ; c’est soit l’avancée au socialisme, soit le recul dans la barbarie ».

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