Communiqué n°8 : la manifestation contre l’extrême-droite

A l’appel de dizaines d’organisations altermondialistes ou liées à la gauche, des manifestations ont eu lieu dans tout le pays « pour les libertés et contre les idées d’extrême-droite ». A Clermont-Ferrand, un peu plus de 500 personnes se sont réunies.

C’est évidemment une bonne chose que de protester, dans le climat actuel, contre l’extrême-droite. Néanmoins, il faut bien reconnaître que la mobilisation a été faible et que les contours de ce mouvement ne prédisaient pas autre chose.

Dans le Puy-de-dôme, par exemple, la manifestation était lancée par le « Collectif de lutte contre les extrêmes droites du Puy-de-Dôme », constitué d’organisations syndicales (CGT, FSU, Solidaires, UNEF, CGT Educ’action, Confédération Paysanne), politiques (France insoumise, Clermont en commun, NPA, UCL Clermont, UCL Livradois) et associatives (LDH, Cimade, OLF, Queer Auvergne, Amis du temps des cerises, UPC 63, Saje 63, Mediacoop), avec de nombreux soutiens tels que Attac 63, Afps 63, Alternatiba 63, UEC Clermont-Ferrand, JC 63 ou le Parti de gauche 63.

En clair : des altermondialistes, des syndicalistes, des populistes et des post-modernes. L’échec politique était donc annoncé tant ce collectif semble représentatif de tout ce qui fait cette post-Gauche opposée à la Gauche historique, celle qui a porté le Front populaire pour précisément bloquer le fascisme.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit aujourd’hui encore. On est en plein dans les années 30 et la menace fasciste est bien là : la réaction, portée par les grands groupes et les capitalistes les plus agressifs, entend mobiliser le pays dans la guerre pour le repartage du monde. Une tendance que la crise mondiale actuelle ne fait que renforcer, faisant peser une lourde menace sur nous tous.

Voilà bien le problème : face à cela, quelle crédibilité ont ces organisations ? Fait-on reculer le fascisme en proclamant, comme de nombreux insoumis, que Macron et Le Pen se valent ? Fait-on avancer l’universalisme en défendant les islamistes du CCIF, en militant pour soutenir l’horreur de l’exploitation prostitutionnelle ou l’ingestion de bloqueurs de puberté par des enfants qui ne se conforment pas aux stéréotypes de genre (comme l’odieux collectif « Queer Auvergne ») ? Fait-on avancer les valeurs collectives – et collectivistes – de la Gauche en ramenant tout aux « identités » individuelles et au subjectivisme le plus délirant ? Croit-on vraiment faire reculer l’extrême-droite en la résumant finalement aux « fachos » et aux « racistes », sans plus d’analyse politique ? Croit-on vraiment être crédible à Gauche quand on répète à l’envi les fantasmes selon lesquels la France serait déjà un « Etat policier orwellien » (à ce compte-là, De Gaulle était certainement pire qu’Adolf Hitler) ? Croit-on menacer le capitalisme lorsqu’on a passé ces vingt dernières années à dire – comme chez Attac et les autres altermondialistes – qu’il était réformable, qu’un capitalisme humain était possible ? Croit-on être progressiste alors qu’on n’hésite pas à flirter avec l’antisémitisme ou à fréquenter les complotistes et autres allumés « biodynamiques » ?

On avait là un concentré de toutes les organisations opposées à la Gauche historique, ouvrière et universaliste. Les termes choisis, et notamment l’usage répété d’un pluriel « déconstructiviste » en était un signe : « les libértés », « les extrêmes-droites » (le singulier était certainement trop universaliste…). Les trotskystes et les anarchistes historiquement opposés au Front populaire, les post-modernes décadents et ultra-libéraux, les associations rêvant d’un capitalisme gentil, et les populistes (principalement insoumis) qui mettent en avant leur « nationalisme inclusif », saluant les Bouygues et les Dassault, vantant le républicanisme de Charles Pasqua, parodiant le sansepolcrisme mussolinien régulièrement, et déversant leur haine de ce que la Gauche rouge a produit de plus grand dans notre pays.

Face à cet échec, que les plus intoxiqués voudraient faire passer pour un succès, l’extrême-droite, justement, peut dormir tranquille et rêver à des lendemains qui chantent. Cet échec est l’aboutissement de l’entreprise constante de destruction des valeurs historiques du mouvement ouvrier, de l’universalisme, du socialisme. Voilà à quoi auront mené à la fois les trahisons et abandons du Parti socialiste et du Parti communiste français d’une part, et les mensonges délirants de la post-gauche moralisatrice-opportuniste.

Face à la droite, à l’extrême-droite, et au fascisme, il faut d’urgence rebâtir la Gauche historique, pas faire un tour de piste moralisateur. Pour cela, il faut réaffirmer les principes du mouvement ouvrier, la lutte des classes, et le socialisme. Sans quoi, les élucubrations de Papacito sur un coup d’état franquistoïde en France deviendront une réalité.