Communiqué n°9 : le premier tour des élections départementales et régionales

En Auvergne comme ailleurs, ces élections sont globalement catastrophiques. En effet, elles ont été remportées par deux amis intimes, deux alliés de toujours : l’extrême passivité populaire et les notables de droite. C’est la victoire de l’immobilisme, du conservatisme, de la soumission. Wauquiez largement en tête, la gauche éclatée en morceaux peu intéressants et de ce fait largement distancés, l’extrême-droite plus faible que prévue mais toujours là, menaçante.

Voilà désormais les trois listes de gauche (hormis Lutte ouvrière, évidemment) rassemblées pour le second tour, les trois têtes de liste heureuses de se montrer unies au point qu’on se demande à quoi la division du premier tour rimait… Ou plutôt, on ne le sait que trop : chacun voulait rassembler… derrière son camp. Fabienne Grébert derrière EELV et ses alliés libéraux et opportunistes. La carriériste Najat Vallaud-Belkacem derrière le PS et ses alliés variés. Cécile Cuckierman s’est montrée beaucoup moins orgueilleuse mais on se doute que son alliance avec les populistes de la France insoumise, qui tentent régulièrement de déstabiliser le PCF en Auvergne, ne la poussait pas à chercher le rassemblement. C’est ce qui a d’ailleurs poussé le PCF de l’Allier à soutenir Najat Vallaud-Belkacem.


Bref, que de temps perdu. Pendant ce temps, le populiste fasciste issu de la France insoumise, justement, et désormais au Rassemblement national, Andrea Kotarac menait campagne et Laurent Wauquiez, baron du clientélisme lui courrait derrière. Maintenant que la gauche est unie, il va falloir la soutenir le mieux du monde pour tourner la page Wauquiez, faite de réaction façon « terroir » et « manif pour tous », de clientélisme (auprès des chasseurs, notamment), et d’indécence (notamment lorsque notre président de région court ostensiblement derrière l’extrême-droite, évoquant le fameux problème de la sécurité… qui n’est pas de la compétence des régions.

Aux départementales, les résultats ne sont pas plus brillants.

Sans surprise, la droite domine largement le Cantal, au point qu’elle était la seule en lice dans certains cantons. Seul le second canton d’Aurillac a placé la gauche en tête. Avec un miraculeux sursaut de participation, peut-être le premier pourra-t-il être emporté par la gauche ? Quant à celui de Riom-ès-Montagnes, également en ballotage, à moins d’une intervention du Saint-Esprit (dont nous doutons de l’existence), il sera remporté très largement par la droite.

La droite domine également la Haute-Loire, la gauche ne remportant que deux cantons sur les vingt du département. Là encore, beaucoup de cantons sans candidat de gauche. Le canton de Gorges de l’Allier-Gévaudan, seul encore en ballotage, laisse prévoir une large défaite de la gauche.

Dans le Puy-de-dôme, la gauche résiste mieux. Elle remporte ou, tout au moins, est en tête et en ballotage assez favorable dans quatorze cantons. Dans celui de Clermont-Ferrand-1, la gauche sortante d’Alexandre Pourchon (PS puis macroniste puis re-PS) et Valérie Bernard (Génération-s) va avoir plus de mal, bien qu’en tête, l’addition de voix de toute la droite la dépassant largement. Dans celui de Brassac-les-Mines, historiquement marqué à gauche ou au centre-gauche, la droite est en tête mais la gauche unie pourrait l’emporter facilement. Dans celui de Lezoux, les choses s’annoncent serrées. Pour le reste, même si la gauche parvient à résister, elle est distancée par la droite, qui remporte ou s’apprête à remporter entre treize et quinze cantons. Rien n’est perdu, mais la situation reste préoccupante.

Enfin, dans l’Allier, si la gauche l’emporte (ou s’apprête à le faire) dans ses bastions historiques : Bourbon-l’Archamblaut, Souvigny, Huriel, Montluçon-1, Montluçon-4 et Yzeure, elle est distancée partout ailleurs et semble même parfois avoir disparu. Dans le canton de Commentry, berceau du socialisme bourbonnais et bastion de la gauche, elle est largement distancée. Dans celui de Montluçon-2, le PCF obtient un score honorable mais plus de sept points en deçà de la droite, ce qui laisse craindre une victoire de celle-ci. Dans celui de Montluçon-3, la gauche divisée est écrasée par la droite. Pour le reste, si la gauche, quoique défaite, atteint les 40% dans les cantons de Moulins-1 et de Dompierre-sur-Besbre, le sud-est du département semble tout entier acquis à la droite conservatrice, qui aime l’ordre, le terroir et l’immobilisme rance. Soixante-dix pourcents pour la droite à Moulins-2, presque cinquante-cinq à Saint-Pourçain, soixante-trois à Gannat, soixante-et-onze à Bellerive, soixante-quinze à Vichy-1 et Vichy-2, et tout autant à Cusset, pourtant historiquement marquée à gauche. Coupé de toute tradition ouvrière, très tôt lié à la droite par anticommunisme, ou simplement abandonné par les jeunes générations, les socialistes de ces cantons se sont affaiblis. Enfin, le canton de Lapalisse a été, sans surprise aucune, remporté par Jacques de Chabannes, notable radical (jadis penchant à gauche, aujourd’hui macron-compatible), héritier des seigneurs du coin, ce qui donne une idée du niveau de la gauche dans cette zone.

Pour le second tour, il s’agit maintenant de tout faire pour que la participation soit plus élevée pour faire basculer ce qui peut le faire. Cependant, l’essentiel a déjà été joué, pour les deux élections. En Auvergne comme ailleurs, la droite réactionnaire de la « France profonde » accentue sa domination, l’extrême-droite est en embuscade et la gauche disparaît en dehors de ses bastions. C’est de ceux-ci qu’il faut repartir : comprendre comment ils sont nés, pourquoi ils tiennent toujours et comment suivre cette voie là où la gauche a disparu. Tout n’est pas encore perdu et on peut rebâtir la gauche, mais le ciel s’assombrit plus que jamais et tout semble à refaire. C’est une urgence.