Vive le premier mai, vive la Gauche ouvrière !

La fête du premier mai est une fête historiquement ancrée à gauche, mais sans gauche historique, il faut bien admettre qu’elle est souvent assez fade. L’an dernier, le 1er mai avait surtout été la fête des Gilets jaunes et autres populistes, aux revendications hors-sol et aux slogans complotistes… Du Gilet jaune auvergnat « gaulois » avec son casque à corne mais résolument Français avec son drapeau tricolore géant, aux ultra-gauchistes, en passant par les gaullistes, rien n’avait été épargné. Vu le contexte de cette année, les choses ont naturellement été différentes.

A cause du confinement, il ne peut y avoir de manifestations et de cortèges syndicaux classiques. Pour cette raison, certains syndicats – la CGT, principalement – appellent à « manifester » chez soi, en réalisant des vidéos ou des photos où l’on se montre avec des pancartes. Il est également question de « manifester » sur les réseaux sociaux, à grands coups de mots-clefs. On le comprend, il s’agit de maintenir le folklore syndical sous une autre forme. Peu importe celle-ci, d’ailleurs, le fond restant le même : apolitisme, revendications économiques, discours radical et indigné, et passivité face à l’Etat, quand ce n’est pas clairement une mise en avant de la cogestion par nos syndicats aussi minoritaires qu’institutionnels. La CGT est en perte de vitesse, l’Etat capitaliste n’ayant aujourd’hui plus besoin de son concours pour cogérer le capitalisme. La centrale syndicale paye ici son intégration dans les institutions de l’Etat, comme « partenaire social » du patronat et du capitalisme. La CFDT l’a bien compris et cherche plus que jamais à se faire l’accompagnatrice de la modernisation du capitalisme. Plus généralement, les travailleurs payent l’absence d’une Gauche qui, comme la social-démocratie historique ou le communisme, aurait pu guider le syndicalisme et l’entraîner dans sa lutte politique. Au lieu de ça, c’est l’inverse qui s’est produit avec une Gauche se faisant le relai politique du syndicalisme, le tout dans une logique bien institutionnelle. D’où le populisme et l’anarcho-syndicalisme d’ultra-gauche d’un côté et, inversement, une gauche très électoraliste et opportuniste de l’autre.

Résultat : ce premier mai, comme les précédents, est dominé par les revendications purement économiques des syndicats, un appel à l’Etat pour qu’il règle les questions sociales, et une Gauche qui se range derrière les syndicats, sans porter de projet politique. Philippe Martinez appelle le président à « agir » et à « démontrer qu’il soutient vraiment les premiers de cordée ». Si les revendications syndicales peuvent être justes, attendre que l’Etat agisse est apolitique par définition. La Gauche doit prendre le pouvoir, et rien attendre le lui. Quand elle se range derrière le syndicalisme, elle renonce à son rôle historique. C’est le sens du tract para-syndicaliste co-signé par la France insoumise, Génération-s, le NPA, l’UCL, la GDS, Ensemble, Diem25, PEPS et le PCOF. Ce rassemblement disparate de trotskystes, de rocardiens, d’anarchistes, d’altermondialistes ne tient que par leur volonté commune de faire du para-syndicalisme. « Recommencer comme avant à faire entendre leurs voix », voilà qui résume bien leur perspective. Voilà qui est en décalage total avec les tâches que la crise actuelle impose à la Gauche de réaliser !

La crise sanitaire du COVID-19 et l’enrayement de la machine capitaliste qu’elle produit, appellent à l’émergence rapide d’une Gauche historique qui, elle seule, sera en mesure de porter la rupture avec ce mode de production. La montée du nationalisme en France comme ailleurs dans le monde apparaît de plus en plus comme une volonté assumée de repartage du monde sur fond de conflit sino-américain. Le travail que la gauche historique doit donc effectuer est grand, car les consciences sont encore fragiles et la lutte contre les valeurs dominantes en sera donc d’autant plus compliquée. Le fait est que la lutte des classes va reprendre ses droits dans un futur relativement proche, car de tels bouleversements sociétaux ne peuvent pas se produire sans heurts, et sans prise de conscience des masses souffrant directement de tout ce chaos. Il faudra bien que ça se fasse, ou bien le monde sombrera dans la barbarie fasciste. La fête du 1er mai doit redevenir la fête du prolétariat, la fête de la lutte des classes ! Une fête célébrée par des travailleurs conscients. Conscients de l’influence du capitalisme sur leurs conditions d’existence, et des dégâts qu’il cause à la Biosphère, et conscients de leur rôle historique, de leur place dans la construction et l’organisation d’une société nouvelle, porteuse de valeurs universalistes et libérée de l’exploitation de la bourgeoisie.

Face à un tel défi, seule une Gauche forte, basée sur les valeurs qui sont historiquement les siennes, peut être en mesure de changer la donne. Seul une prise de conscience des masses prêtes à assumer une prise de pouvoir et un changement de paradigme social total, peut mettre fin à une société capitaliste tournant sur elle-même, détruisant tout ce qui devrait être célébré. Vive le 1er mai !

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