Quand la Nature doit se soumettre aux caprices propres à la société capitaliste

Christophe Georges, maire de la commune de Pignols dans le Puy-de-Dome, a posté un petit texte sur facebook afin d’exprimer sa colère suite à des plaintes posées par des individus ne supportant pas les activités des abeilles.

Dans le capitalisme, l’individu est roi. Rien ne dépasse l’individu égoïste, et les idées allant vers l’universalisme, la collectivité, le vivre ensemble, sont systématiquement démontées et déformées de force, adaptées à ce mode de production et aux mentalités qui vont avec, voulant que le monde doit obéir aux caprices de consommateurs, et n’existe plus en dehors de cela. Ainsi, à Pignols, la mairie a dû faire face à de nouveaux arrivants au village, vivant non loin d’une miellerie, se plaignant de dépôts de pollen apportés par les abeilles sur leur mobilier de jardin.

Etant à Gauche, nous ne pouvons qu’approuver la colère qu’éprouve le maire contre ces gens qui opposent leur confort personnel et la Biosphère. Pour ces petits-bourgeois bercés d’illusions s’imaginant qu’ils allaient vivre un rêve bucolique, la réalité frappe dur. Leur mentalité de consommateur roi leur fait alors adopter le point de vue selon lequel, puisque leur confort de vie est dérangé et que ce n’est pas ce qu’ils attendaient après avoir emménagé dans la région, il faudrait corriger le tir et trouver un moyen de se débarrasser du « problème ». Hors de question pour eux de s’auto-critiquer, de se montrer raisonnables, d’admettre que le monde existe autour d’eux : ils ont payé, ils doivent être satisfaits ou bien obtenir réparation.

Notre soutien, en revanche, ne saurait aller plus loin que cela. Si la colère du maire est légitime, sa défense des apiculteurs plus que des abeilles n’a pas lieu d’être. Rappelons que les abeilles sont une espèce menacée, et que les apiculteurs, comme petits capitalistes exploitant cette espèce menacée, font partie intégrante du mode de production responsable de l’écocide qui marque notre époque. Pour récolter le miel, les apiculteurs doivent enfumer la ruche pour déstabiliser les abeilles qui défendent le fruit de leur travail collectif au péril de leur vie (une abeille qui pique est une abeille morte). Après ce vol, et pour que les abeilles ne meurent pas de faim lorsqu’elles auront besoin de leurs réserves, les apiculteurs remplacent le miel par du sirop de nourrissement sucré dont la qualité et les valeurs nutritives sont loin d’égaler celles du miel. Les abeilles sont perdantes sur toute la ligne…

Prendre ainsi la défense du petit capitalisme est donc hypocrite de la part de Christophe Georges, car cela est exactement dans la même veine que ces petits-bourgeois se plaignant que la Nature n’est pas assez complaisante avec leur idée exigeante et fantasmée du confort qu’ils sont censés mériter.

Il faudrait au contraire appeler à dépasser la contradiction qui existe entre l’opulence malsaine des villes, et l’arriération de la campagne. Il faudrait appeler à la préservation des abeilles, par l’arrêt de l’apiculture dont notre société moderne n’a pas besoin, par l’arrêt de l’agriculture chimique qui tue les insectes sans discrimination et dont les abeilles souffrent au point d’en être menacées d’extinction…

Une autre façon de vivre et produire est possible. L’Auvergne a besoin de socialisme ! Mais cela ne viendra pas sans que les masses décident de s’emparer de la politique, sans qu’elles décident de s’arracher aux valeurs dominantes capitalistes les poussant à rester des consommateurs passifs, irréfléchis, irrationnels et refusant tout changement radical. Il faut dépasser l’exploitation, dépasser le capitalisme ! Seulement à ce moment, ces grossières absurdités disparaîtront.

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