Manifestation du 1er Mai à Clermont-Ferrand
Aujourd’hui s’est produite une manifestation pour le 1er Mai, fête des travailleurs, partant de la place Delille et se rendant jusqu’à la maison du peuple. Auvergne à Gauche, comme à son habitude, était sur place. Finalement, il n’y a malheureusement pas grand chose de positif à retenir de cet évènement qui, si les consciences politiques avaient été plus profondes, aurait dû être une véritable démonstration de force de la classe ouvrière. Il n’y a pas non plus très long à en dire, tant cette marche fut stérile.
Le premier problème qui s’est posé a donc été la présence massive des gilets jaunes, parasitant le mouvement avec leur revendications populistes et grotesques habituelles. Ils devaient largement compter pour un tiers ou la moitié des participants… La petite-bourgeoisie paniquée et fascisante a donc pris le dessus face au prolétariat pour la fête des travailleurs… Ainsi, les drapeaux tricolores (un gilet jaune coiffé d’un casque à cornes « gaulois » en agitait un grand) ou régionaux étaient légion. L’on a même aperçu un drapeau gaulliste, avec une croix de Lorraine… C’est un échec total pour la gauche authentique, internationaliste, mais ce n’est pas tout.
Le deuxième problème fut le soutien inébranlable aux gilets jaunes par les syndicats, de Force ouvrière à la CGT, en passant par l’UNSA, l’UNEF et d’autres encore. Si les syndicats ne sont objectivement pas inutiles, même nécessaires, pour protéger les droits des travailleurs, et qu’ils sont malgré leurs défauts (ancrage dans les institutions, faible représentation des travailleurs, risque de plonger la classe ouvrière dans une impasse si le syndicalisme est pris comme une fin en soi…) une forme d’organisation politique consciente des ouvriers et prolétaires… le fait est qu’à la nature purement économiste de leurs revendications s’est alors ajouté ce vernis populiste jaune fluo dont on se serait pourtant bien passé.
Le troisième problème que l’évènement a connu fut la présence de l’ultra-gauche (la C.A.R.A. en particulier), en tête de cortège, soutenant également ouvertement les gilets jaunes et appelant à la libération de tous les gilets jaunes arrêtés, considérés comme prisonniers politiques (ce qui est une exagération assez évidente, quand bien même la répression menée par l’Etat et les forces de l’ordre est effectivement brutale et vise à faire de l’affichage sécuritaire), et scandaient « Macron démission » comme le premier populiste venu, montrant bien qu’au-delà de la radicalité affichée, le fond est vide. D’ailleurs, les GJ « purs », tricolores, en casque de gaulois, et défenseurs du « R.I.C. » les ont acclamé, lorsqu’ils sont passés devant.
Finalement, le 1er Mai aura été la fête des gilets jaunes bien plus que des travailleurs. Un tel parasitage est assez désolant pour qui se trouve du côté des travailleurs voulant changer notre mode de production, plus que des petits-bourgeois souhaitant une revitalisation du capitalisme.
L’on a également pu observer l’état de décrépitude idéologique des militants de tous bords dans notre pays lorsque, à la fin du parcours, les gens rentraient chez eux pendant les prises de parole… ou même avant pour beaucoup. Le seul moment de la manifestation où la politique est censée être abordée de manière un peu plus profonde que pendant la marche et ses slogans criés au mégaphone, est précisément l’instant où les gens décident d’arrêter de s’y intéresser. Cela montre à quel point, pour un nombre bien trop élevé de personnes, la politique se limite à sortir de chez soi pour râler et marcher, puis rentrer se reposer après cet « effort », sans jamais s’unir ou réfléchir réellement. L’esprit des gilets jaunes infecte les mentalités à ce point que même le 1er Mai, et même avec la présence des syndicats, la manifestation s’est déroulée dans une ambiance « samedi jaune », la casse en moins.
Ce n’est cependant pas une fatalité. Il est absolument nécessaire de reconstruire la Gauche sur ses valeurs historiques. Aux progressistes de s’unir contre le fascisme grandissant et le capitalisme !