L’écologie vue par l’égocentrisme des futurs fonctionnaires d’Etat.

Aujourd’hui quelques uns de nos membre ont eu l’occasion de faire une brève visite à l’ESPE (Ecole Supérieure du Professorat et de l’Education) de Clermont-Ferrand, où ils se rendaient au départ afin de voir les travaux sur la première guerre mondiale qu’avaient effectué les enfants pour la paix et qui y étaient exposés sur place. Ces travaux, de qualité pour une production d’aussi jeunes enfants, étaient principalement une série de descriptions des conditions de vie des soldats de l’époque, au front. Bien qu’intéressants, c’est d’un tout autre genre d’exposition que nous traiterons dans ce nouvel article.

Il va de soi que l’Etat français produit, pour son fonctionnement, des institutions qui lui sont soumises… S’il est facile de deviner que l’ESPE en fait partie, l’on peut parfois avoir du mal à se rendre compte à quel point ces écoles sont de véritables outils de propagande visant à diffuser la pensée – ou plutôt l’absence de pensée – ultra-individualiste de la bourgeoisie.

Nous avons donc eu le déplaisir de constater que les étudiants, enseignants en formation, avaient décidé de lancer un petit atelier sur le thème de l’environnement vu par le prisme petit-bourgeois. Libre de participation ou de non-participation, et posé là dans la salle commune de manière assez passive, se trouvait alors un grand panneau surmonté d’une question reflétant de manière quasi caricaturale l’esprit individualiste petit-bourgeois qui gangrène les esprits dans ce genre d’institutions : « Que ne seriez-vous pas prêts à abandonner pour l’environnement ? »

La question est déjà posée de manière à présenter ce que la petite bourgeoisie ne veut surtout pas changer dans le monde pour changer le monde, et correspond parfaitement à la mentalité égoïste et étroite dans laquelle s’engouffrent parfois par adhésion totale, parfois un peu malgré eux par faiblesse idéologique, les fonctionnaires de notre Etat. Mais ce qui nous effraie finalement le plus, ce sont les réponses écrites au feutre (laissé à disposition pendu par une ficelle afin que chacun puisse y aller de sa petite proposition) sur le panneau principal ou au stylo sur de petits bouts de papiers accrochés autour de la salle tels des guirlandes de noël. En voici plusieurs exemples :

Comme on le voit bien, la voiture revient régulièrement comme chose à « ne pas abandonner » même pour sauver l’environnement. C’est là un thème intéressant, car à la nécessité de la voiture comme outil de travail presque indispensable dans une société qui ne dispose pas de transports en commun fiables, efficaces et gratuits, s’ajoute également le pur égoïsme de la conduite « plaisir coupable » qui, au fond, n’est pas si coupable que ça… Car l’environnement passe après son petit confort personnel comme d’autres l’admettent bien volontiers sans rougir, en le disant clairement, ou de manière détournée en refusant d’imaginer vivre sans certaines denrées absolument vitales telles que le nutella ou la charcuterie…

A cela s’ajoutent des propositions très naïves et déconnectées du coeur du problème, telles que « Je ne suis pas prête à abandonner mes proches même pour l’environnement » ou encore « Ma vie (sauf si je suis la seule à pouvoir sauver l’environnement) » s’insérant parfaitement dans l’esprit incroyablement creux de « bienveillance » systématique que l’on trouve dans l’Education nationale, macérant dans le post-modernisme depuis déjà longtemps. Oh, la grande et méchante bête qu’est l’écologie ! Elle forcerait les gens à se séparer de tout, de leurs proches, de l’eau elle même… Elle reviendrait finalement à tout abandonner, de sa « liberté de pensée » jusqu’à son confort et même sa vie, puisque visiblement il serait imaginable qu’un individu, à lui seul, puisse sauver la planète ! Dans quel monde vivent-ils pour se figurer que, peut-être, il pourrait être nécessaire de sacrifier leurs enfants pour « l’environnement » ? Quel manque cruel de vision d’ensemble, de valeurs progressistes et collectivistes… Le monde entier n’y est vu qu’au travers du prisme de l’individu et de son ego personnel… La vérité, c’est que l’écologie imposerait la rupture avec le capitalisme, et la petite-bourgeoisie est terrifiée à l’idée d’une telle chose. La preuve en est de celui qui a inscrit « le capitalisme » comme chose à ne pas abandonner. La perspective du dépassement de l’individualisme et de l’avènement du collectivisme plonge les petits-bourgeois, pétris d’illusions et de rêves de « succès », dans une profonde panique qui finit toujours par se transformer en la défense d’un mode de vie totalement fantasmé et irréaliste particulièrement réactionnaire. Le refus d’abandonner « l’Alsace et la Lorraine » est d’ailleurs le reflet de cette pensée dérivant au fascisme, avec sa défense de la Nation et son territoire face à la menace extérieure… au delà même du fait qu’on pourrait encore une fois se demander quel rapport cela entretient avec la planète subissant l’écocide capitaliste…

Finalement, il est possible de résumer cette mentalité grâce à une seule de ces propositions. Le problème réside là : « Dans la théorie, rien. Dans la pratique, beaucoup de choses. »
L’environnement est perçu comme quelque-chose de flou. On voudrait que ça aille mieux, mais on ne veut pas avoir à s’en charger, ni même à y réfléchir sérieusement. Il faudrait profiter (dans tous les sens du terme) tant qu’on le peut encore, même si objectivement on ne le peut plus. Ce serait finalement « aux autres » et/ou « à l’Etat » de régler le problème…

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