Le PAL ne doit pas rouvrir.
Le PAL, ce parc d’attraction bourbonnais qui craint la perte de chiffre d’affaire (-40% estimés à cause de la crise sanitaire), cherche à rouvrir depuis déjà le mois d’avril. Maintenant, la réouverture serait souhaitée pour le 6 juin, alors que c’est le 1er juillet qui était originellement envisagé, pour des raisons de sécurité. Il est important pour les auvergnats attachés à l’élévation culturelle de la région de critiquer ce parc d’attraction justement lieu d’anti-culture, de consommation oisive.
Notons que si la perte de chiffre d’affaire est invoquée comme raison principale à la réouverture, ce chiffre est assez élevé. Le Pal se porte bien, et devait même investir une vingtaine de millions d’euros dans de nouvelles infrastructures et jeux : un complexe hôtelier de 300 lits, avec notamment une salle pour des séminaires (quoi de plus « naturel » ?). Le PDG du parc se réjouissait d’ailleurs de l’embourgeoisement de sa clientèle, avec la présence massive et régulières de Suisses relativement aisés.
Le parc rouvrirait donc « Sous réserve de l’acceptation du protocole sanitaire », ce qui relève tout simplement du mensonge. Faut-il être naïf pour s’imaginer un instant qu’un tel endroit puisse et veuille faire respecter la distanciation sociale absolument indispensable pour limiter la transmission du virus, le port du masque (qui est dors et déjà considéré comme une mesure qui ne serait pas obligatoire) par tous et toutes, enfants compris, la désinfection totale des mains et des lieux de restauration après chaque repas, chaque client… Des employés déjà bien exploités devraient donc en plus de ça assumer cette mission, au péril de leur santé.
Un des arguments avancés pour la réouverture et pour apaiser les craintes face à l’épidémie, c’est que « le parc est grand », qu’il « y a de la place ». Là encore, c’est mensonger. Le parc est grand, certes. Mais tous ceux qui y ont déjà été savent très bien que la foule est souvent dense, que les contacts physiques sont parfois inévitables, que l’hygiène dont font preuve les clients est au mieux discutable, que les allées pour circuler (à pied, donc en favorisant les projections de gouttelettes de divers fluides corporels, surtout sans masque) ne sont clairement pas toutes assez larges pour permettre une distanciation suffisante… Le PAL est un lieu qui rassemble des foules d’individus propices à la transmission de maladies, et qui parallèlement pousse par la nature du divertissement proposé au rejet de toute responsabilité collective, et à la glorification du plaisir immédiat et sans « prise de tête ». C’est d’ailleurs tout un symbole que de chercher à rouvrir le parc en pleine épidémie de COVID-19, une maladie causée par les rapports contre-nature que le capitalisme entretient avec les animaux, alors que celui-ci comporte un zoo parfaitement immoral qui expose et exploite des animaux, souvent exotiques, à des fins de divertissement.
Le parc lui même est un problème culturel pour la région. Les attractions sont pour beaucoup d’entre elles rivales lorsqu’il s’agit de savoir laquelle est la plus beauf, la plus clichée, la plus culturellement basse… La plupart ne font que représenter une culture de la consommation, de l’Homme en tant que roi de la nature soumise à ses désirs. Ces attractions se font passer pour culturellement viables en piochant ce qui serait censé être les cultures d’autres pays du monde… Ainsi, on peut trouver un projet de « rivière canadienne » qui proposera aux gens deux chutes hautes de un mètre, embarqués à bord d’un tonneau. Le rapport avec la nature et les masses canadiennes ? Aucun, car il ne s’agit que de l’image fantasmée et tordue par l’industrie du divertissement anti-culturel de ce que peut être la nature « sauvage et impétueuse » du Canada. Le « Yukon Quad » est un autre exemple d’atrocité anti-culturelle, qui a comme thème la traversée (ou le saccage, serait-on tenté de dire) de la nature canadienne à bord de quads. La nature présentée comme terrain de divertissement sans contenu et sans respect, voilà ce que propose culturellement Le PAL : une vision « redneck » du divertissement.