La raréfaction des trains en Auvergne

On connait peu de moyens de transport terrestres aussi efficaces que le train. Le train a joué un rôle historique d’une importance capitale, aussi bien dans le transport de passagers que dans le transport de marchandises, notamment minières en Auvergne. Il jouera encore un rôle capital à l’avenir, tant sa capacité à réduire la taille du monde est importante. Les masses ont et auront besoin d’un réseau ferroviaire développé et gratuit, pour se déplacer, pour étudier, pour ne plus rouler en voiture…

Seulement voilà… Dans le capitalisme, les services publics n’existent pas. La SNCF est souvent considérée, à tort, comme relevant du service public, même si sa libéralisation ainsi que tous les problèmes qui y sont liés viennent de plus en plus mettre à mal cette idée reçue. Les masses ne sont pas si naïves : elles voient bien que plus le temps passe, moins la SNCF est agréable à vivre au quotidien. Elles voient bien qu’en réalité, la SNCF est un monopole capitaliste d’Etat, que ce soit au travers d’une politique tarifaire de plus en plus agressive ou de la qualité du service se dégradant petit à petit, à coups de fermetures de guichets, de guichets automatiques restant en panne parfois des jours durant… En Auvergne, où subsistent encore de nombreuses petites gares isolées, c’est l’hécatombe : des dizaines de guichets ont été fermés. Même à Vichy, pourtant très fréquenté, on parle de réduire drastiquement le temps d’ouverture.

Comme toute entreprise capitaliste, la SNCF est donc sapée par le manque de moyens, la compression des coûts, la recherche de rentabilité… Ce qui devrait être un outil bénéficiant aux masses, et géré par elles, n’est plus qu’un monopole géré par le haut, par des agents privés, coupés de la population. C’est à un point tel qu’il n’est pas rare pour les Auvergnats qui prennent régulièrement le train, de se retrouver entassés dans un seul wagon aux heures de pointes, tandis que plusieurs wagons vides circulent aux heures creuses. Le capitalisme montre ici son absence totale d’organisation, son anarchie profonde, son aberration.

A la naissance de la SNCF, déjà, plusieurs gares auvergnates furent fermées. La ligne Vichy – Riom – Chatel-Guyon, par exemple, s’est vue amputée des arrêts suivants pour cause de fréquentation trop faible : Hauterive, Saint-Sylvestre-Pragoulin, Randan, Saint-Clément-de-Régnat, Thuret, Surat, Ennezat – Clerlande. C’est que les chemins de fer ont d’abord été développés pour le fret, et l’Auvergne n’était pas en reste, dans ce domaine.

Cette tendance se poursuivra avec le développement de la SNCF. La liaison Lyon-Bordeaux, qui permettait jadis à des habitants du Bourbonnais de rejoindre l’Atlantique est suspendue. Beaucoup de trajets ont tendance à voir leurs trains disparaître au profit de bus, qui mettent nécessairement bien plus de temps à atteindre leur destination.

C’est une tendance qui ne fait que s’amplifier, car le capitalisme n’est pas en mesure de proposer une couverture ferroviaire digne de ce nom. Il est plus naturel pour lui de se tourner vers des solutions individuelles, qui laissent les gens seuls face à leur besoin de se mouvoir, accru d’ailleurs par l’existence d’une contradiction entre la ville et la campagne, qui force beaucoup de personnes plus éloignées des cœurs économiques que sont les villes à faire de longs trajets pour aller travailler. C’est ce qui explique pourquoi la voiture est bien plus choyée que les transports en commun, et pourquoi dès que l’industrie automobile connait des soubresauts propres au capitalisme, les capitalistes remuent ciel et terre pour relancer la consommation, pousser à l’achat massif de nouveaux modèles, quitte à passer au journal de 20h pour expliquer la gravité de la situation. Les masses tendent ainsi à préférer leur voiture, et on ne peut pas leur en vouloir, tant les trains passent au second plan et ne servent plus qu’à faire de très longs trajets reliant uniquement les plus grosses villes.

Il en serait évidemment autrement dans le socialisme, qui redonnerait aux trains une place centrale dans la circulation des produits et des personnes, qui se battrait pour l’écologie, donc contre l’étendue toujours plus vaste du réseau routier et ses millions de voitures et de camions dégazant jour et nuit, tous les jours de la semaine, tous les mois de l’année, au rythme imposé par notre mode de production et parfois même pour des chargements quasi inexistants.

Le train est plus rapide que la voiture. Il est aussi moins polluant. Il permet de se faire déplacer un très grand nombre de personnes en un temps record, là où les autoroutes connaissent des bouchons, des accidents au quotidien, où malgré la présence de radars les chauffards font trop souvent la loi… Un endroit où chacun peut laisser s’exprimer son individualisme forcené. Les masses ont besoin de trains plus performants, en plus grand nombre, plus confortables ! Ce sera l’un des objectifs du socialisme que de permettre ce développement de haut niveau d’un service public de qualité.

Laisser un commentaire