La petite bourgeoisie auvergnate est en total décalage avec la situation sociale et sanitaire nationale.

On le sait : la petite-bourgeoisie n’en fait qu’à sa tête. Et dans un contexte de crise du capitalisme, de crise sanitaire, elle panique dans son absence de rationalité. Ce n’est donc pas étonnant que dans une des rues les plus infestées de « restaurants » de type kebab et autres bars/débits de boisson de la ville de Clermont-Ferrand, la petite-bourgeoisie fasse tout contre les règles élémentaires d’hygiène et l’exploitation illégale des masses pour préserver leur affaire.

Ainsi, nous apprend le journal La Montagne, des bars sont restés ouverts après les heures légales d’ouverture. Sont-ils dans leur bulle pour s’imaginer un instant que cela ne se verrait pas, et encore plus lorsqu’ils se font prendre par la police, pour prétendre qu’il n’y a rien de grave, qu’il faudrait qu’on leur foute la paix ! Saouler les masses dans l’illégalité et dans le non-port du masque, voilà un bien beau projet. En effet, rien de grave… on nage en plein délire !

Que ressentir d’autre si ce n’est une certaine tristesse, face au spectacle décrit par le reportage : les masses entassées dans la fumée de cigarette, sans masques, avalant des kebabs devant des tenanciers de bars bien contents de trouver une clientèle en ces temps de distanciation sociale nécessaire. Le peuple français a effectivement du mal avec le respect des règles, et baigne dans un relativisme individualiste profond, accentué par la difficulté de supporter psychologiquement la crise en cours. Il est évident que le mal-être social qui règne en France en ce moment n’est pas étranger au besoin d’échapper à la réalité notamment par l’alcool, qui assomme la conscience et « aide » ainsi à ne plus penser à rien, et certainement pas au besoin de changer ce qui produit les conditions de ce mal-être. L’aliénation des individus par le capitalisme et son besoin de réduire chaque personne à un consommateur passif est ici criante.

Mais ce n’est pas tout. La police a également trouvé des employés sans contrat de travail, les employeurs prétextant toujours une bonne excuse censée justifier ce manquement à la loi. C’est malheureusement une pratique extrêmement répandue dans le pays entier, que de faire travailler le prolétariat avant même de signer un contrat qui peut parfois prendre des jours ou plus pour enfin arriver. Cette manière de faire ses affaires en « s’arrangeant » avec l’employé verbalement pour commencer le travail, comme si le rapport de force n’était pas en faveur de l’employeur et sans pour autant déclencher de résistance dans les masses, est encore un signe de la déliquescence du capitalisme, de son influence désastreuse sur les consciences.

Mais le pire dans tout ça, c’est que la petite-bourgeoisie décadente et réactionnaire entraine d’autres petits bourgeois dans les mêmes pratiques. Sous la pression de la constatation qu’à Clermont-Ferrand, certains se permettent d’agir comme bon leur semble et de faire fi des règles sanitaires, des responsables d’un bar à Riom se sont permis de continuer de faire danser leurs clients sur la piste au delà des limites déjà assez libérales prévues par la loi. C’est l’anarchie et la médiocrité petite-bourgeoise dans toute sa splendeur !

On voit également que la répression de ces activités anti-sociales est plutôt douce. Bien souvent, la police se contente de faire sortir les clients et de réprimander verbalement les commerçants, ne les convoquant au commissariat que lorsqu’ils ne s’exécutent pas rapidement ou qu’ils récidivent. Pourtant, ainsi que le précise La Montagne, les forces de l’ordre savent quelles sont les adresses à surveiller. Même en ce qui concerne les irrégularités dans le droit du travail dont certains commerçants font preuve, employant leurs salariés sans contrat de travail, on réprimande et on passe à autre chose. Les commerces évoqués et faisant l’objet de contrôles sont des récidivistes mais toujours en activité. C’est à se demander à quoi servent les lois et la police si on peut continuer tranquillement à faire ce qu’on veut.

En fait, on peut continuer à faire ce qu’on veut… quand on est un commerçant, un petit capitaliste. Cet individualisme – qu’il s’agisse des clients ou des tenanciers – est toléré parce qu’il relève du capitalisme. Il ne s’agirait pas de contraindre de petites entreprises au nom d’un intérêt général qui, par définition, s’oppose au profit ! Un salarié qui désobéirait aux règles de son entreprise prendrait la porte directement. Un clochard toussant sans masque et sans coude sera réprimandé, mais pas le bobo en terrasse qui ferait de même.

A l’annonce de la fermeture des bars à 22h dans la capitale auvergnate, les réactions rapportées par La Montagne étaient très parlantes. Du côté des clients, les uns évoquaient l’idée de vite « en profiter » avant que cela ne ferme, les autres se plaignaient de la difficulté de « s’amuser ». Du côté des commerçants, dont on peut comprendre la position difficile, puisque leur chiffre d’affaire chute depuis le début de l’épidémie, si certains pointaient avec une certaine justesse la responsabilité de ceux – notamment parmi leur collègues – qui font n’importe quoi et, en ne respectant pas les règles, entraînent tout le monde dans la fermeture, d’autres criaient à l’injustice. Invoquant le « manque de concertation », ils jugeaient honteux que la décision les concernant n’ait pas été prise avec eux. Le corporatisme a parlé : épidémie ou pas, chaque corps de métier doit pouvoir s’organiser un peu comme il le veut, la santé publique devrait se décider via une négociation entre commerçants et Etat. On voit bien que tout ceci est vain et réactionnaire. La politique ne doit pas être un compromis entre intérêts privés, encadré par l’Etat. Ce doit être l’expression des besoins collectifs, décidés collectivement, et imposés par un Etat qui reflète cette collectivité.

Voilà la feuille de route de la Gauche : assumer le besoin de collectivité organisée, le dépassement des intérêts privés et l’élévation culturelle. La négociation capitaliste pour le droit à picoler relève du passé, cette crise le démontre avec force.

Laisser un commentaire