La Gauche directement interpellée par l’épidémie

Depuis mardi 17 à midi, voilà les français confinés chez eux, sous peine d’amende. Les sorties ne sont autorisées qu’avec une attestation sur l’honneur et pour des motifs précis et limités. Plusieurs entreprises ou services publics renvoient leurs employés ou agents chez eux. Les commerces non-indispensables sont fermés. Le gouvernement appelle à la responsabilité collective et annonce que la priorité absolue du pays n’est pas le marché, mais la santé de tous et donc la défense de notre service public de santé. Les frontières, si elles ne sont pas encore fermées, commencent à être contrôlées.

Si la situation est dramatique, et si la préoccupation centrale doit être d’endiguer voire de vaincre – espérons-le – cette épidémie, on ne saurait passer sérieusement à côté d’une réflexion politique.

Cette crise sanitaire démontre de manière nette, s’il en était encore besoin, que la bonne santé de tous nécessite une société organisée et ordonnée, dont les activités doivent être dirigées vers le bien commun, et non le profit. Il est incroyable qu’il soit besoin d’une telle menace pour qu’on réalise que les intérêts du marché s’opposent à ceux de la population. La société capitaliste, faite de concurrence et d’individualisme, a besoin d’être stoppée pour protéger la population. Au chacun pour soi s’oppose une dimension collective, organisée. Au particularisme s’oppose l’universalisme.

N’est-ce pas là l’occasion pour la Gauche de se réaffirmer comme force historique de dépassement du capitalisme ? Comme proposition sociétale et politique universaliste ou, disons le mot, collectiviste ?

C’est même une impérieuse nécessité car, si le gouvernement est contraint de prendre des mesures, sa dimension libérale profonde le rend évidemment incapable de pousser cette logique jusqu’au bout. https://agauche.org/2020/03/17/emmanuel-macron-declare-une-guerre-liberale-au-covid-19/
Son discours à la tonalité guerrière montre le seule horizon que la bourgeoisie peut proposer, en terme de société organisée, c’est l’armée qui remet de l’ordre par en-haut. Face à un libéralisme dépassé par les événements et une extrême-droite puissante toujours à l’affût, cette perspective est suicidaire.

L’attitude de la Gauche est préoccupante : certains semblent considérer que cette crise a ouvert une parenthèse et qu’on reprendra la confrontation politique plus tard, d’autres attendent tranquilement que le gouvernement règle le problème, et les derniers critiquent avec raison l’hypocrisie d’un gouvernement qui défend les services publics après les avoir détruits, mais sans rien proposer d’autre que des commentaires acides et des appels « à ce qu’on tire les leçons de cette épreuve »… en votant pour eux.

Notre rôle historique est d’affirmer un réel projet politique, une nouvelle société dépassant le capitalisme. Une société collective, universelle, démocratique. Un projet politique qui ose affronter le capitalisme, les institutions anti-démocratiques de notre pays, et la classe possédante. Un projet de Gauche. Un projet socialiste.

Laisser un commentaire