Communiqué n°3 – Où est la Gauche ?
Une nouvelle fois, à l’appel des organisations syndicales, des manifestations ont eu lieu dans toute la France, accompagnant la grève qui se voulait cette fois interprofessionnelle.
La situation est de plus en plus difficile pour les larges masses de ce pays et il devient préoccupant de voir que la population reste, dans son ensemble totalement apathique ou très loin des enjeux du moment.
Le capitalisme entre dans une crise d’autant plus violente qu’elle est aggravée par une pandémie dont on ne sait encore comment et quand on pourrait en sortir. Les contradictions de cette société se font de plus en plus fortes.
Il en est une qui apparaît clairement : celle entre la protection de la population et la protection de l’économie. Le peuple ou le Capital. Pour protéger la population, il aurait fallu, dès le départ, des mesures de confinement très strictes, et il est évident qu’il y aurait eu besoin de planifier à la fois l’économie, la distribution des masques, l’industrie pharmaceutique. En revanche, pour protéger le capitalisme, il ne faut pas trop confiner : il faut des gens qui consomment, des entreprises qui font du profit et donc des travailleurs qui œuvrent à ce profit.
Seulement, notre gouvernement est libéral et notre Etat capitaliste. De surcroît, cet Etat capitaliste est en perte de vitesse et est de plus en plus désorganisé. Face à cela, la pression nationaliste s’accroît : il faudrait remettre de l’ordre par en-haut, reconstituer un capitalisme puissant, qui impose ses intérêts à l’international, avec un Etat à son service, et une population entièrement intégrée à ce dispositif. C’est le sens de toute cette démagogie sociale, ces intonations anticapitalistes romantiques, ce nationalisme sous différentes variantes, ce populisme. C’est les Le Pen, les Dupont-Aignan, Cheminade, Philippot, Asselineau, Montebourg et même Mélenchon, dans une variante plus guignolesque et post-moderne.
Face au libéralisme et aux nationaux-populistes fascisants, la Gauche est aux abonnés absents. On préfère rêver de la candidature de tel sauveur suprême pour 2022, toujours plus creux politiquement. On peine toujours à identifier le problème – le mode de production capitaliste – alors on dénonce la « dictature », le « macronisme », le « néolibéralisme », le « productivisme », la « mondialisation », etc. On se rêve en gestionnaire gentil du capitalisme. Au fond, cette gauche a bien un programme commun : défendre l’individu et ses désirs, instaurer quelques filets de protection pour les plus vulnérables, taxer un peu le capitalisme pour mieux le verdir et lui donner un visage humain… Pour le reste, le vide absolu règne. La gauche française n’a aujourd’hui ni parti organisé, ni cadres de qualité, ni ligne idéologique et politique solide. C’est suicidaire. Elle se condamne elle-même à se faire écraser par le rouleau compresseur de l’extrême-droite en reniant son héritage historique.
Parallèlement, alors que la lutte de classes (un terme inconnu pour l’essentiel de la « gauche » d’aujourd’hui) reprend de plus belle, avec des licenciements massifs, des conditions de travail plus dures et un capitalisme encore plus agressif, il apparaît clairement que le syndicalisme, déjà très faible dans notre pays, est dépassé. La CFDT se place en meilleure accompagnatrice du libéralisme, main dans la main avec le MEDEF. La CGT (et le PCF de Fabien Roussel) rêve d’un retour aux trente glorieuses où elle participait à la cogestion du capitalisme. SUD s’agite, FO est une impasse. Si le rôle des syndicats, dans la résistance quotidienne au capitalisme demeure essentiel pour de nombreux travailleurs, le syndicalisme comme projet n’est pas à la hauteur.
Il est temps d’assumer le combat politique contre les monopoles capitalistes et leur monde. Le capitalisme a créé cette pandémie – par l’exploitation odieuse des animaux -, il empêche une protection collective de qualité, et il entend désormais faire payer sa propre crise aux masses. On a plus que jamais besoin de s’organiser, pour résister d’abord, pour vaincre ensuite, en assumant la question du pouvoir et la lutte contre la bourgeoisie et son monde destructeur.
La Gauche doit retrouver ses valeurs historiques, rebâtir le Front populaire, ou périr en abandonnant la société à la barbarie.