Communiqué du 1er mai 2023
En cette Journée internationale des travailleurs, nous proposons à nos lecteurs un saut dans le passé, plus exactement au 1er mai 1936, juste avant le victoire de ce Front populaire dont tant se revendiquent aujourd’hui encore tout en en rejetant les principes que, pourtant, il serait indispensable de revoir trôner au cœur de la Gauche.
Pour ce voyage temporel, nous proposons la lecture d’un éditorial du Populaire, organe central du Parti socialiste (S.F.I.O.), paru le 2 mai mais traitant de la veille.
Ce texte, la Gauche actuelle serait bien en peine de l’écrire, aujourd’hui. Hormis la phrase sur l’unité du mouvement syndical, tout semble tiré d’un conte de fées, tant le ton est positif et plein d’espoir, ou d’un vieux grimoire codé, tant la Gauche d’aujourd’hui a laissé tombé la ligne et les concepts de celle d’alors.
Rien que le concept de « socialisme » lui est aujourd’hui étranger puisque le PCF l’a officiellement abandonné sous Robert Hue, et que le PS se réfère à une « social-écologie » aux contours flous et finalement libéraux. Les mélenchonistes (et c’est d’un sens heureux) n’ont plus le culot de parler d’écosocialisme, et assument ouvertement leur populisme qui les fait ressembler au MNR trotsko-nationaliste des années 40, les Verts sont toujours plus alignés sur le turbocapitalisme réactionnaire (exploitation des femmes via la prostitution et la GPA, misogynie et homophobie violente via le transactivisme, etc.), et l’ultra-gauche trotskisante n’en finit plus de se décomposer en agités syndicalistes révolutionnaires. Il n’y a guère que Lutte ouvrière, par principe opposée au Front populaire et la Gauche Républicaine et Socialiste, aux tendances chauvino-chevenementistes très marquées, qui en parlent encore un peu.
Où y aurait-il un « parti politique du prolétariat » puisque même le PCF a décliné vouloir jouer ce rôle dans les années 70 pour s’ouvrir aux « classes moyennes » ? Qui parle encore de prolétariat ? Quiconque parle de classe ouvrière (quand ce n’est pas le fade et creux « classes populaires ») s’empresse aujourd’hui de lui accoler d’autres « luttes », comme si la cause prolétarienne n’était qu’une parmi tant d’autres et ne portait pas en elle-même un projet politique universel capable de les englober toutes.
Qui sait encore ce qu’est le fascisme, à l’heure ou « les extrêmes-droites », selon l’expression relativiste consacrée, sont résumées à des mouvements racistes sans qu’aucune analyse solide et de gauche ne soit proposée pour définir la peste brune autrement que par le biais de leçons de morale semi-cathos ? Qui d’ailleurs pourrait bien lutter contre ce fascisme ? La gauche issue du mouvement ouvrier (PCF et PS, principalement) ont, malgré leur recul idéologique, encore de bons réflexes. Malheureusement, ils sont très faibles et rampent derrière la France insoumise, véritable mouvement fasciste de gauche, avec son culte du chef, son populisme, son chauvinisme, son antisémitisme suintant par tous les pores.
Qui se préoccupe de la paix dans le monde et des menaces de guerre, hormis quelques voix isolées (on saluera ici l’Appel commun au 14ème Rassemblement de Rocles du 12 novembre dernier, en présence notamment du député PCF Yannick Monnet) ? Le PS et EELV rivalisent d’atlantisme et la France insoumise, leur maître à tous, fait dans l’altantisme de mauvaise foi après avoir été ouvertement poutinienne et pro-Chinoise. Il faut dire que pour Mélenchon, vendre des armes tricolores est une bonne chose.
Bref, tout est à défaire et refaire. Qu’on lise ce texte comme un appel à rebâtir le Front populaire sur ses bases historiques, à guider les masses vers le Socialisme ! Sans quoi, autant aller défiler avec Le Pen derrière la figure de Jeanne d’Arc, car c’est le seul horizon qui se profile.
Aux travailleurs de France !
Il y a près d’un demi-siècle que les socialistes du monde entier célèbrent le 1er Mai.
Cette année, pour nous, Socialistes français, c’est un jour de combat et d’espérance.
Nous avons salué avec joie l’unité du mouvement syndical.
Nous avons collaboré loyalement à toutes les tentatives de rapprochement fraternel et de compréhension réciproque entre les partis politiques du prolétariat.
Nous sommes au terme d’une campagne électorale d’où la réaction politique et sociale va sortir vaincue.
Le premier tour de scrutin l’a fait reculer, le deuxième achèvera sa déroute.
Le fascisme ne passera pas en France !
Notre peuple a résisté merveilleusement à la contagion. Il a répondu aux appels répétés des partis et des organisations du Rassemblement populaire.
Dans les rues de Paris et des grandes villes, tout aussi bien que dans les villages, la volonté, des masses s’est affirmée en des manifestations amples et fortes devant lesquelles le fascisme et la réaction fuyaient honteusement.
Notre grand Parti socialiste a été au premier rang de tous ces combats, comme il est aujourd’hui en première ligne des vainqueurs.
Son drapeau flotte sur les hôtels de ville des plus grands centres; le nombre de ses militants ne cesse de croître ; son programme et sa doctrine viennent d’être acclamés par près de deux millions de citoyens français.
Des élus l’avaient abandonné, entraînant avec eux quelques milliers de ses adhérents et un plus grand nombre d’électeurs.
II a récupéré les adhérents et les électeurs, augmenté sa représentation parlementaire qui sera numériquement la plus importante de la .nouvelle Chambre, prouvé sa force et sa vitalité.
Nous pouvons donc célébrer le 1er Mai avec joie et confiance.
Demain, le Socialisme français, avec une autorité accrue, poursuivra sa route vers des victoires plus étendues et plus décisives.
Après avoir participé à la riposte victorieuse des masses à l’insolente agression du fascisme, et ainsi sauvé les libertés républicaines et les institutions démocratiques, il luttera pour que les oligarchies économiques et financières soient écartées du contrôle et de la direction de la vie économique nationale, pour que soient dissipées les menaces de guerre, pour que soit proclamée la souveraineté du Travail.
VIVE LE PREMIER MAI !
VIVE LE SOCIALISME !
VIVE LA PAIX DU MONDE !
Le Populaire, organe central de la SFIO (2 mai 1936)