Encore un accident de chasse : quand les chasseurs entraînent la jeunesse dans leur passéisme.

Samedi dernier, sur la commune de Vertaizon, un jeune chasseur, mineur, à été blessé à la main par le tir accidentel d’un de ses comparses. Le blessé était un rabatteur, c’est à dire que son rôle était de diriger le gibier vers les chasseurs ou les pièges, alors que ses deux autres collègues étaient armés et prêts à recevoir le gibier. Selon La Montagne, le tir serait parti au moment ou l’un d’eux aurait posé son arme à terre. Cet incident vient s’ajouter à la trop longue liste des accidents et autres évènements abjects issus de la pratique de la chasse.

Si cet incident n’est pas isolé de ce qui se fait habituellement en chasse, il soulève plusieurs points importants. Le premier étant que ce genre d’évènement est monnaie courante : lors de la saison 2018-2019 il y a eu 131 accidents identifiés, dont 7 mortels. Les conséquences de cette insécurité ne touchent pas uniquement les chasseurs, et vont bien au delà de ces chiffres : il est désormais devenu dangereux pour les promeneurs, randonneurs, cyclistes ou encore joggeurs de s’aventurer dans la campagne à cause des éventuelles balles perdues qui représentent un risque de blessure au mieux, ou de mort au pire. Et lorsque ce ne sont pas des victimes humaines, ce sont les animaux qui en pâtissent, qu’ils soient domestiques (souvent dévorés par les meutes de chiens de chasse, d’ailleurs) ou bien sauvages, ces derniers étant les victimes directes de la chasse. A cela vient s’ajouter le traumatisme de voir son animal de compagnie mourir devant ses yeux, ou de ne pas voir rentrer un être proche après être parti prendre l’air. La chasse est le seul « loisir » qui tue des personnes non pratiquantes et non spectatrices.


Ensuite, il y a un problème de respect des règles de sécurité. Le coup est parti alors que le chasseur posait son arme à terre… Ce qui signifie que la sécurité n’était pas enclenchée : une imprudence qui tutoie la stupidité ! Et ces gens là ont un accès facilité aux armes à feu du fait de la diminution du coût du permis de chasse !


Bien que d’une gravité toute relative, il ne s’agit là encore pas d’un incident isolé. Nombre de chasseurs, tellement obnubilés par leurs envies meurtrières, n’identifient pas ce sur quoi ils tirent, comme ce chasseur chez nos voisins de l’Aveyron, qui a tué une femme dans son jardin, pensant atteindre un cerf. Ou encore, dans la Drôme, un chasseur tirant à travers un buisson sans attendre de voir ce qu’il y avait derrière, et tuant un homme. En 2018, c’était un jeune chien qui se faisait tuer par un chasseur, laissant des maîtres en deuil et traumatisés par l’horreur de la scène. On ne peut qu’observer l’inutilité des règles imposées durant la chasse.


Et puis il y a le fait que le blessé soit mineur. Nous n’avons pas d’information exacte sur son âge, mais le fait est qu’à peine entré dans la vie, cet adolescent est plongé dans la barbarie d’une pratique totalement réactionnaire. La jeunesse représente pourtant l’avenir ! Eviter qu’elle se fige dans des valeurs passéistes est donc un enjeu capital pour la gauche. Plutôt que de sortir tuer des animaux terrifiés, d’être en guerre ouverte avec la nature, la jeunesse devrait dépenser son énergie à rêver, à se cultiver, autant culturellement que physiquement, notamment au moyen d’activités sportives (les sports collectifs devant y jouer un rôle central), propres à développer son sens du vivre ensemble, de la coopération… Visiter des musées, apprendre de la musique, de la peinture, des jeux faisant appel au développement de son intelligence… Développer sa sensibilité plutôt que d’oeuvrer à sa suppression, menant inévitablement à un manque cruel d’empathie, notamment envers les animaux.


Cet accident de chasse cache donc une véritable problématique d’ordre culturel, non seulement via son rapport évident avec la question de la souffrance animale, mais aussi pour son rapport avec la corruption de la jeunesse par la culture du terroir et des traditions.

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