Jean-Luc Mélenchon et le référendum sur la réforme des retraites

En lien avec la nouvelle mobilisation de ce jeudi contre la réforme des retraites, le chef des insoumis a appelé le président de la République à régler la question avec un référendum. Il annonce que la France insoumise entend déposer une motion référendaire (une idée lancée initialement par le PCF), ainsi qu’une motion de censure.

Un premier problème apparaît clairement : ces deux procédures permettent d’afficher son opposition mais, in fine, n’ont quasiment aucune chance d’aboutir. Quand bien même les deux groupes de gauche, celui de la France insoumise et celui de la droite s’unissaient, ils n’auraient jamais la majorité nécessaire. On comprend donc qu’il s’agit surtout pour la France insoumise d’apparaître comme l’opposant principal, à peu de frais, selon son habitude. D’ailleurs, la logique de son groupe parlementaire, qui a proposé 19 000 amendements pour retarder l’examen et le passage de la loi est du même acabit : il s’agit juste d’un bricolage législatif pour gagner du temps, mais on sait bien que la loi passera, d’une manière ou d’une autre.

De plus, lorsqu’on relis les propos de Jean-Luc Mélenchon, on réalise à quel point sa démarche est populiste. La France insoumise entend en effet se poser comme l’expression électorale du mouvement contre les retraites. Le thème de l’opposition « dans la rue » qui se traduirait « dans les urnes » revient d’ailleurs très souvent, la FI se présentant comme étant « au service » de la mobilisation. Il annonce même que ses députés «prennent la suite de la bataille des salariés dans la rue». Le désir de récupération est évident.

Ce parti n’est pas au mieux de sa forme et entend se relancer, à l’approche des municipales, en surfant sur le mécontentement. M. Mélenchon ne s’en cache presque pas, et proclame vouloir faire de la « résistance » au Parlement « jusqu’au moment où ils se prendront une raclée électorale aux municipales, qui peut-être va les faire réfléchir et leur faire dire: on arrête ». C’est la raison pour laquelle il décline sur tous les tons le thème du « on lâche rien », « la mobilisation continue » (voire « s’amplifie », pour les plus allumés des insoumis). Mélenchon n’a pas intérêt à ce que la mobilisation prenne réellement le chemin de la lutte des classes, au contraire : il veut récupérer le tout électoralement mais pour revenir au calme. Il a beau parler de «remobilisation des troupes pour montrer que la bataille n’est pas perdue», ou d’ « onde de refus » que les « gens n’oublieront pas » (en clair : il ne faut pas qu’ils oublient de voter pour nous), ce qui l’intéresse, c’est de gérer le pays.

Jean-Luc Mélenchon se pose en opposant principal à Emmanuel Macron, l’invectivant de manière outrancière, comme à son habitude : «Si le président avait quelque chose dans le ventre il déclencherait un référendum». Il considère que «le président ne sait pas gérer le pays» et qu’il faut que le président « en vienne à des méthodes plus démocratiques » (ici, le référendum), pour « faire descendre la température ».

Tout est dit. La France insoumise ne veut pas de développement de la lutte des classes. Il s’agit pour elle de surfer sur une mobilisation désorganisée et quasiment apolitique pour en faire un marchepied vers des victoires électorales. Pour le reste, Mélenchon se pose comme un simple concurrent pour la « gestion » du pays, qu’il souhaite pacifié, et sans lutte des classes. Et, pour cela, tous les enfumages sont bons : les manœuvres parlementaires inutiles mais marquantes, les invectives outrancières, et l’entretien des fantasmes sur une mobilisation qui serait historique, toujours plus forte et prête à faire vaciller le pouvoir.

Cette logique boulangiste est dangereuse pour la Gauche et les masses populaires. Il est important de la dévoiler et de la combattre.

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