Rassemblement au CHU Gabriel Montpied
Aujourd’hui, 16 mai 2020, à l’entrée du CHU clermontois Gabriel Montpied, s’est tenu un rassemblement comptant plusieurs représentants syndicaux du personnel soignant. Le but étant de faire passer des revendications vis-à-vis du traitement du personnel de santé pendant la crise du COVID-19, et du manque de moyen de l’hôpital.
Dans un pays capitaliste en déclin comme la France, il n’est au fond pas surprenant de voir les secteurs importants comme la santé, ou encore l’éducation, se faire pulvériser pour tenter de sauver les meubles. Les soignants ont donc toutes les raisons d’être en colère, car ils sont des travailleurs doués d’une grande conscience professionnelle et savent bien ce qu’implique le manque de moyens dans les hôpitaux, en terme de morts autrement évitables. C’est d’autant plus compréhensible que les tentatives complètement déconnectées de la réalité du gouvernement de valoriser les soignants sans pour autant augmenter leurs salaires, notamment en leur offrant une « médaille » (de qui se moque-t-on ?), se font accueillir à juste titre avec dédain, indignation et moqueries.
Cependant, un rassemblement de vingt représentants syndicaux devant un hôpital en pleine crise sanitaire relève malgré tout d’un certain manque de cohérence et de discernement. Au lendemain du déconfinement, qui a d’ailleurs été un désastre et a permis de mettre en lumière l’irresponsabilité et l’immaturité des Français capricieux, s’agglutinant dans les espaces publics comme si le virus n’était plus qu’un souvenir lointain, un tel rassemblement (qui plus est comptant des professionnels de la santé) apparaît comme décalé. Les revendications ne sortant pas tant que ça du cadre syndical sont également un obstacle à devoir surmonter pour que l’importance de la cause soit comprise de tous. En effet, le cri de désespoir et de colère qu’ils adressent au gouvernement est bien compréhensible, et on ne peut que sympathiser avec les soignants qui, au fond, ne réclament pas de meilleures conditions simplement pour eux-mêmes, mais bien un système de santé de qualité au service de tous. Ce qui pose problème, c’est que cette protestation s’inscrit dans une démarche où on demande à l’Etat de réagir, de régler le problème. C’est une démarche passive qui n’a pas les moyens d’aboutir, l’Etat capitaliste étant en crise et les gouvernements peu enclins à accepter même les plus basiques des revendications sociales. Ces protestations sont apolitiques en ce sens qu’elles évitent la question du pouvoir. Il faut affirmer la nécessité pour les masses de prendre le pouvoir, c’est là la position historique de la Gauche.
Les masses doivent bénéficier d’hôpitaux performants. La santé publique en dépend. Si on veut que ces protestations aboutissent à un projet politique, mènent à une société nouvelle et prennent une tournure populaire massive, alors il faut que la Gauche s’affirme, ferme sur ses valeurs. Laisser les soignants dans le syndicalisme et la passivité par rapport à l’état, en s’imaginant que soutenir les protestations suffit à former une Gauche politique offensive, c’est les abandonner et les mener – et avec eux la population française – dans le populisme, la stérilité politique. En ne saisissant pas ce sujet majeur de manière politique, la Gauche fait le jeu des gestionnaires du capitalisme, et des populistes qui appellent à remettre de l’ordre par en-haut.