Pour un hôpital libéré du capitalisme : « révision complète du système »
Hier, une lettre collective a été adressée à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, par 1120 médecins des hôpitaux publics, annonçant leur démission. Ils entendent par cet acte fort exprimer leur révolte face aux conditions déplorables dans lequel les politiques capitalistes enlisent depuis des années l’hôpital public. Cela pourrait se concrétiser par des démissions si rien n’est fait avant le 31 janvier.
Parmi eux, plusieurs médecins auvergnats, comme le relate La Montagne.
Leur constat est alarmant : l’hôpital n’a clairement pas les moyens humains pour s’occuper de tous les patients, et le personnel débordé et épuisé arrive à saturation. En néonatalogie, par exemple, seule la moitié de l’effectif médical demeure, selon Benoît Boeuf (chef du service de réanimation pédiatrique). Le service psychiatrique est également déserté, comme tant d’autres.
Ces médecins identifient clairement la source de cette situation intenable : la gestion capitaliste de ce qui devrait être un service public. Face à cela, loin de se dérober en rase campagne, ces médecins entendent, via des réunions de travail, avancer des propositions concrètes pour changer le système et sauver l’hôpital.
Dans une démarche très digne, ils posent clairement la nécessité d’un changement radical de modèle, en rupture avec la logique capitaliste. Ils ont mille fois raison d’affirmer que les malades ne sont pas les clients d’une entreprise, mais bien des êtres humains qui devraient avoir le droit d’être soignés. Ils ont mille fois raison de dénoncer la gestion technocratique de l’hôpital qui fait des médecins les outils d’une politique de rentabilité totalement étrangère à la notion même de service public.
« Nous demandons une révision complète du système, il faut une autre manière de l’aborder, de le gouverner, sans quoi l’hôpital ne pourra pas s’en sortir »
« Il faut modifier la gouvernance, les soignants sont coupés des décisions, décisions qui n’ont qu’un seul objectif : faire des économies. Quand on parle de malades, de patients qui souffrent, on nous répond : ”euros” ! »
Professeur Jean-Etienne Bazin, chef de service anesthésie réanimation
Ce besoin de rupture avec le capitalisme dans le milieu hospitalier résonne de manière particulière puisque, suite à l’enquête « Transparence CHU », menée par le collectif « Data+Local », c’est l’influence agressive des grands groupes capitalistes pharmaceutiques sur les hôpitaux qui a été révélée. Conflits d’intérêts, rémunérations élevées, cadeaux divers : ces grands groupes mettent tout en œuvre pour mettre d’éminents médecins au service de leurs intérêts financiers. Il y a une semaine, suite à des révélations en ce sens, le professeur Jean-Michel Cardot a été contrait de démissionner.
Il importe donc que la Gauche sorte du simple soutien aux diverses « luttes » ainsi que du suivisme syndical qui la caractérise désormais, pour porter un véritable projet politique, dans le domaine de la santé comme dans tous les autres. Un projet politique qui ne laisse personne sur le côté, osant affronter le capitalisme « médical » pour construire un véritable service public de la santé ouvert à tous, égalitaire, ambitieux et réellement au service de la population.