7 janvier : dix ans après, retrouver la boussole !
Il y a dix ans, l’attaque meurtrière de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher par des barbares islamistes plongeait la France dans l’effroi et l’horreur. En réaction, se développa alors le mouvement « Je suis Charlie », avec jusqu’à 3,7 millions de manifestants le 11 janvier. C’eût pu être un mouvement de réaction, avec une volonté de s’en prendre aux musulmans, dans un grand amalgame comme l’extrême-droite essayait de le propager. Il n’en fut rien : ce fut un moment d’union démocratique et républicaine, une forme de « front républicain » non-électoral, avec certainement des limites mais une volonté sincère d’affirmer le refus de la barbarie et de l’idéologie moyenâgeuse qui l’avait portée, un refus des raccourcis de l’extrême-droite, une défense de la liberté d’expression et de critiquer les religions.
Il y avait là matière à construire un grand mouvement politique, ancré dans la société, poussant au Front populaire. Il est horrible de constater que ce mouvement a été étouffé, trahi, assassiné. Le Parti socialiste au pouvoir se lança très vite dans la préparation chaotique de l’élection présidentielle de 2017, perdue d’avance, sans qu’aucun de ses candidats à la primaire ne s’appuie sur ces valeurs ni ne fasse référence au mouvement Charlie, hormis peut-être Manuel Valls mais de manière dévoyée, opportuniste et rigide.
Les mélenchonistes, dès cette époque, se placèrent (comme l’ultra-gauche et autres populistes gauchisants) en opposants au mouvement, jugé « raciste » parce qu’il était universaliste et donc opposé au communautarisme et à l’antisémitisme portés par ce camp. Passons sur les hypocrites d’EELV, sans intérêt comme toujours.
Le Parti communiste français, plus digne, a depuis manifesté plusieurs fois son attachement à la laïcité, à l’universalisme, au refus de la barbarie mais le parti étant isolé, affaibli idéologiquement et à la remorque de Mélenchon, il n’a rien pu porter ou guider politiquement.
Nous disions récemment que le NFP était l’ennemi de la Gauche et nous maintenons cette affirmation, en la complétant toutefois : ceux qui, en son sein, sont sincèrement à Gauche, de même que ceux qui sont en dehors, doivent retrouver l’esprit Charlie de 2015 s’ils veulent bâtir le Front populaire digne de ce nom que les circonstances exigent.
Le Front populaire authentique devra être l’alliance d’une Gauche ouvrière et pacifique rebâtie et de cet esprit Charlie républicain-universaliste qui tend, consciemment ou non, vers le socialisme. Seulement alors le Nouvel affront populiste disparaîtra et rejoindra les autres morceaux du capitalisme décadent dans les poubelles de l’Histoire.
En 2025 comme en 2015, nos cœurs saignent en pensant aux victimes, et nos esprits s’arment pour rebâtir le camp qui écrasera leurs assassins et leurs complices.