1er mai 2024 : faire contrepoids à la marche vers la guerre
Un article d’hier, paru sur le site de franceinfo:, évoque pour cette année un 1er mai « plus classique », où il n’y a « pas de mot d’ordre saillant » selon une source policière, qui ne s’attend pas à énormément de monde. Tout au plus s’attend-on à voir quelques pro-palestiniens (du genre des bourgeois américanisés qui se donnent des airs à SciencesPo en ce moment, des soraliens complexés ou carrément des islamistes) ou quelques agriculteurs (façon « terre qui ne ment pas », façon FNSEA et exploitation animale généralisée), comme curiosités, mais on nous annonce globalement un retour aux folkloriques cortèges syndicaux. Nous parlions l’an dernier du « succès de l’échec ». Voilà bien une belle confirmation de ce sentiment.
Des syndicats corporatistes et/ou populistes, en tous les cas inoffensifs face au capitalisme, des partis politiques qui se disent encore de gauche mais qui soutiennent les visées militaristes (et culturelles/sociétales/consommatrices) des capitalistes occidentaux pour les uns (Parti « socialiste » et EELV), s’en accommodent en critiquant pour les autres (PCF), une France insoumise et un NPA qui alimentent l’antisémitisme et apportent leur soutien à des partisans du pogrom du 7 octobre tout en se servant de la Palestine et de l’islam pour draguer électoralement la clientèle qu’ils croient que les musulmans et les islamistes peuvent constituer pour eux, LO qui s’enfonce toujours plus dans sa caricature…
Voilà donc tout ce qu’on peut avoir en 2024, pour le 1er mai. Nous disions que tout concourrait à la victoire prochaine du fascisme en France, et nous le confirmons : au-delà du raidissement de l’Etat français, c’est avant tout de la passivité entretenue des masses qu’elle naîtra.
Comme on est loin de l’esprit ouvrier et combatif du 1er mai comme Journée internationale des travailleurs ! On relira à ce sujet les deux textes ci-dessous :
Quelles sont les origines du 1er mai ?
Le 1er Mai et le mouvement socialiste en France
Pourtant, à l’heure où la bourgeoisie accentue son offensive contre les masses, pour relancer le capitalisme et mobiliser les mentalités et les bras pour la guerre, on serait en droit de s’attendre à autre chose ! Le Parti socialiste ne se rangerait pas derrière Raphaël Glucksmann, ex-négociant en armes d’un tortionnaire corrompu, le Parti communiste français ne se contenterait pas d’un timide appel à un retour de la diplomatie (de surcroît au nom de la « Frrrrance » de l’immonde Chirac, comme l’ont fait Fabien Roussel ou Léon Deffontaines, le candidat « communiste » fier de soutenir les petits patrons et de préciser que la dictature du prolétariat n’est pas son objectif politique). On serait en droit d’attendre de la Gauche qu’elle fasse échec au militarisme tricolore et à son maître étasunien, sans pour autant tomber dans le soutien aux impérialistes concurrents du bloc sino-russe. On serait en droit d’attendre, pour reprendre la source policière de franceinfo:, un « mot d’ordre saillant » : guerre à la guerre !
On pourra consulter le site agauche.org et notamment ces trois sections, qui fait le travail que la gauche ne fait pas.
On serait enfin en droit d’avoir une Gauche capable de parler comme Karl Liebknecht parlait de la guerre. Nous reproduisons ici une lettre qu’il écrivit en 1912 à Jules Guesde, en y soustrayant simplement les éléments de contexte (qu’on pourra retrouver en téléchargeant le texte original ici) pour mieux en faire ressortir la brûlante actualité (à ceci près que le capitalisme de nos pays corrompt les masses par la surconsommation, plus qu’il ne les affame – comme il le fait toujours dans ce que les bourgeois appellent le Sud global) :
Le capitalisme incendiaire accomplit son œuvre néfaste plus dangereusement que jamais, et dans le voisinage de plus en plus menaçant de ces gigantesques poudrières que sont les grandes puissances militaires européennes. Des esclaves […] parcourent le pays […], agitant les torches de la guerre, bercés par leurs despotes de l’illusion qu’ils sont le porte-flambeau de la liberté pour les esclaves au-delà les frontières dans lesquelles ils vivotent eux-mêmes privés de droit et réduit économiquement à la misère. Tous les conflits internationaux sont portés au dernier point d’intensité. L’impérialisme, pareil un cyclone, tourbillonne sur le globe, le militarisme écrase les peuples et suce le sang comme un vampire. Les cavaliers de l’Apocalypse, Famine et Massacre, chevauchent à travers le monde.
Toutes les conjurations de la diplomatie ont été vaines ; ce n’étaient que charlatanisme et mirage. La guerre et la paix sont pour le capitalisme une affaire et rien qu’une affaire. La vie et le bien-être des millions d’hommes qui sont le prolétariat de toutes les contrées sont pour lui un objet d’exploitation et rien que cela.
Seul, le prolétariat international peut écarter cet épouvantable danger ; car seuls les intérêts des prolétaires sont les mêmes dans tous les Etats capitalistes. Solidarité internationale du prolétariat, sans accepter de frontières, lutte commune contre les ennemis communs, nationaux et internationaux, du prolétariat, les profiteurs de la pression politique, les stipendiés de l’exploitation économique et de la misère des masses.
Le capitalisme est la guerre – le socialisme est la paix. Le socialisme aura-t-il la force de réfréner la furie de la guerre ? Il aura cette force si le prolétariat de France, d’Angleterre, d’Autriche et d’Allemagne fait son devoir. Et il fera son devoir – ainsi que le montre le passé, ainsi que nous apprend ce fatidique mois de janvier 1911 avec ses grands mouvements ouvriers en Angleterre et en France, avec ses imposantes manifestations pour la paix en Allemagne. La classe ouvrière allemande a, le dimanche 20 octobre, manifesté de nouveau sa volonté de paix dans de grandioses démonstrations publiques.
Les fauteurs de guerre, capitalistes et impérialistes, doivent savoir ce qui est en jeu s’ils jettent sur le tapis le dé de fer de Mars. Nous les avertissons, nous les prévenons, nous les menaçons […]. Ce n’est qu’internationalement que peut être menée notre guerre à la guerre ; et c’est internationalement qu’elle est menée. […]
Guerre à l’intérieur contre l’ennemi intérieur, les oppresseurs et les exploiteurs des masses, lutte de classe – paix à l’extérieur, solidarité internationale, paix entre les peuples : voilà le mot d’ordre sacré de la démocratie socialiste internationale qui affranchit les nations. C’est sous ce signe que nous pouvons et que nous devons vaincre, même contre un monde d’ennemis. Pas d’hésitation – confiance en la victoire ! Frères de France, à la bataille, coûte que coûte ! Vive le socialisme !