La situation au conseil départemental du Puy-de-Dôme
Ce mercredi, s’est tenue une conférence de presse durant laquelle Jean-Yves Gouttebel, le président MRSL et très « marcheur » du Puy-de-Dôme, a dressé un bilan de son mandat à la tête du département. D’ailleurs, c’est ainsi que la presse locale, dont la « neutralité » rime souvent avec une complaisance extrême avec les élus, en parle :
Puy-de-Dôme : Jean-Yves Gouttebel, président du Conseil départemental, dresse le bilan de son mandat
France 3
« La feuille de route de 2015 a été tenue », pour Jean-Yves Gouttebel, président du conseil départemental du Puy-de-Dôme
La Montagne
Bien évidemment, Jean-Yves Gouttebel a une vision très positive de son action et n’hésite pas à mettre en avant les de 62 millions d’euros de budget annuel dans le domaine de l’enfance et de la famille, les 85 millions d’euros pour les handicapés, ou encore les labellisations de 22 espaces naturels sensibles pour l’environnement, ou l’inscription à l’Unesco de la Chaîne des puys – faille de Limagne. Il se satisfait également du lancement, récemment, d’un « budget écologique citoyen », dénoncé par la Gauche, qui en défend le principe, comme un simple gadget qui ne recouvre aucune réalité concrète.
Le président du département se réjouit également de son exécutif « ramassé », déclarant :
« On travaille mieux quand on est un groupe plus restreint. C’est toujours ce que j’ai souhaité mais je n’ai pas pu le faire car il y avait des considérations politiques qui faisaient que tel groupe voulait avoir tant de vice-présidents. »
De fait, les considérations politiques ne semblent pas le préoccuper outre mesure. En effet, M. Gouttebel, converti au macronisme, a perdu sa majorité, avec le retrait des « Socialistes et apparentés ». Aux dernières élections, la majorité qui s’était formée comportait 2/3 de socialistes et 1/3 de radicaux « de gauche ». Les quinze élus du groupe « Socialistes et apparentés » avaient rejoint le groupe de la Gauche 63, dans une logique « d’intergroupe ». Ces élus pointait la trahison de M. Gouttebel à l’égard de la Gauche, et sa volonté d’appliquer une logique macroniste à la politique du département. Face à cela, ils entendaient porter une voix de Gauche unie pour porter un projet politique social et écologique pour le département.
Notons toutefois qu’il n’y a pas eu de changement brutal de la part de M. Gouttebel et que la réaction du Parti socialiste peut faire sourire. Ce parti n’a-t-il pas soutenu M. Gouttebel jusqu’ici ? On peut se réjouir de cette réaction, mais il semble quand même qu’elle arrive un peu tard, de la part d’un parti qui n’a pas toujours brillé par une ligne très à Gauche ces dernières années.
De plus, Jean-Yves Gouttebel a déjà eu l’occasion de montrer qu’il se préoccupait davantage de sa carrière que ses engagements politiques. Longtemps figure locale du PS, il en est exclus en 2008 pour s’être présenté contre la candidate officiellement désignée par son parti. En 2011, il fut candidat aux sénatoriales, en soulignant que sa politique départementale favorisait les maires. Quelle belle manière de dire aux puydômois que le conseil départemental n’était pour lui qu’une manière de devenir sénateur. Cumulard de cœur, il avait affirmé vouloir être sénateur en même temps que président du conseil départemental. Son ralliement au Parti radical de gauche était déjà un signe d’opportunisme et l’évolution (qu’il suivit) de ce parti n’en fut que la confirmation. Le voir dans les bras de la majorité macroniste n’est ainsi pas une surprise.
En outre, il est amusant d’entendre Alexandre Pourchon, chef d’entreprise PS, dénoncer le virage macroniste de M. Gouttebel alors que lui-même s’était présenté aux législatives comme représentant d’une « Gauche en Marche » (il était arrivé bon dernier avec zéro voix).
En tous les cas, on ne peut qu’être choqué de voir l’opportuniste Gouttebel se maintenir à son poste, dont il refuse de démissionner avec un mépris incroyable pour les autres élus et la population qui les avait élus. Son équipe « restreinte » ne l’est ainsi pas du tout parce qu’il l’aurait souhaité, mais bien parce qu’il y est contraint. Il tente de faire bonne figure, mais sa présidence est illégitime. Très actif dans son soutien aux candidats de la majorité dans le département, il impose sa vision libérale au Puy-de-Dôme par un coup de force.
Pour lui, la chose est claire : il entend régner une dernière année tranquillement. Mais, déjà, des difficultés semblent poindre à l’horizon : le budget primitif de 2020 n’a toujours pas été voté, et on peut s’interroger sur la bonne gestion des différentes affaires du département par quatre vice-présidents et leur président, tous les cinq ultra-minoritaires.
Les « marcheurs » voulaient un « nouveau monde », mais il semble bien qu’il ressemble beaucoup à l’ancien monde des combinaisons opportunistes et des notables indéboulonnables. L’union de circonstance de la Gauche départementale saura-t-elle se faire plus durable et pourra-t-elle devenir une force capable de réaffirmer une ligne clairement de Gauche dans ce département où les appétits « marcheurs » sont aiguisés par les municipales ?