Eleveurs en colère : un chantage réactionnaire
Hier dans la journée, en Auvergne comme partout en France, les éleveurs (FNSEA + JA) se sont mobilisés pour protester contre leur manque de moyens financiers, leurs difficultés à boucler les fins de mois et à vendre à bon prix leurs produits.
Comme à chaque fois qu’ils sortent protester, le pays entier a droit à une effusion réactionnaire puissante. Agacés par la difficulté de se maintenir dans le capitalisme, leur réaction n’est pas de remettre en question la nature des rapports que notre société – eux compris, donc – entretient avec les animaux, et d’en conclure que cette exploitation animalière doit arriver à son terme de manière définitive…
Plutôt que ça, on assiste au triste spectacle de petits capitalistes rejetants la faute sur les « consommateurs », qui seraient trop pingres pour leur permettre de subsister – occultant au passage et non sans mauvaise foi que les masses s’appauvrissent – car refusant d’acheter leur viande à plus de 6 euros le kilo.
C’est que, pour ces réactionnaires qui entreposent des animaux dans des conditions atroces pour les découper et les vendre, le problème ne se situe pas dans la consommation de produits issus de l’élevage. Pire que ça, ils vont même jusqu’à dire :
« Tant que les consommateurs achètent leur porc à six euros le kilo, l’éleveur le produira à moins d’un euro. Pour le poulet c’est la même chose. Pourquoi met-on des milliers de poulets dans des batteries ? Parce que compresser les prix, c’est mettre plus de poulets dans moins de place. Si vous voulez des porcs élevés dans de bonnes conditions, on doit nous les acheter au moins à quatre euros le kilo !«
Ou encore :
« On exige de nous de produire propre, mais la montée en gamme a un coût. Le consommateur est-il prêt à y mettre le prix ? Je comprends qu’il préfère l’agneau ou le bœuf d’Argentine vendus moins cher. Mais on ne peut pas rivaliser. «
Est-il possible de faire plus indécent et chauvin ?… C’est du pur chantage. Si les éleveurs ne peuvent pas avoir un capitalisme clément avec eux, capable de les laisser s’enrichir, alors tant pis pour nous ! Les animaux seront maltraités pour compresser les prix ! Les consommateurs n’avaient qu’à accepter d’acheter français, et à prix fort !
On voit ici très bien le rôle que jouent les animaux dans le maintien du capitalisme, et dans la compétition que tout cela engendre. A la question « France, veux-tu encore de tes paysans ? » posée sous forme de slogan, la réponse logique serait donc « non »… Du moins, pas de cette paysannerie là. Cette paysannerie réactionnaire, capitaliste, qui envoie des millions d’êtres sensibles à la mort sans la moindre empathie pour tenter de garder la tête hors de l’eau.