Du pain et de l’eau pour des enfants privés de cantine dans l’Allier.
Lundi 9 septembre, dans l’école primaire Marcelin Berthelot à Saint-Pourçain-sur-Sioule (03), deux enfants de CE2 et CM1 ont reçu en guise de repas du pain et de l’eau à la cantine. Une décision émanant du maire Emmanuel Ferrand (Les Républicains), afin, selon ses mots, de provoquer un « électrochoc » aux parents qui n’avaient pas payé le service de restauration depuis plus d’un an alors que les enfants y mangeaient tous les jours. L’intégralité des impayés ont été réglés le soir même. Une grande partie du personnel de l’établissement ainsi que des parents d’élèves, en plus de certains syndicats (SUD, SNES), des élus PS de Saint-Pourçain et le Défenseur des droits Jacques Toubon, ont été choqués par cette décision de s’en prendre aux enfants pour atteindre les parents.
Une décision maladroite selon le maire, mais assumée car il fallait faire réagir les parents qui ne répondaient pas aux lettres, appels et mails de la mairie. Il ne faut pas s’y tromper : il s’agit ici d’une démonstration d’éducation « à l’ancienne », réactionnaire, qui fait de la punition arbitraire un moteur pour mettre au pas les éléments perturbateurs.
Les conservateurs et les réactionnaires ne peuvent pas concevoir les choses autrement, contrairement à la Gauche qui fait du développement et du bien-être des enfants une priorité. Tous devraient pouvoir manger correctement, et à leur faim, peu importent les moyens de leurs parents. Dans les milieux populaires, où la dignité a toute son importance, il existe malheureusement une honte d’être pauvre, qui peut mener à un refus de demander de l’aide. Il est également courant que même sans cette pudeur, beaucoup de gens ignorent avoir droit à des aides, ne savent ni où ni à qui en demander, et sont trop accaparés par un capitalisme subi quotidiennement pour avoir le temps d’y penser et de faire les démarches nécessaires.
Même en partant du principe que ces parents avaient eu les moyens de payer depuis le début, le fait est que cet incident fait ressortir la véritable nature des services publics dans un Etat capitaliste. Contrairement à ce que pensent les positivistes, leur développement ne relève pas d’une progressive évolution toujours plus ouverte à tous et allant dans le sens du progrès. Les services publics sont concédés par l’Etat capitaliste soit sous la pression populaire, soit dans le but d’en faire des outils au service de sa domination. Ils en sont les émanations, et sont régis par et pour l’Etat, pas la population. Cet exemple précis nous montre que l’on est encore loin d’une conception réellement universelle, démocratique et populaire de l’école: la municipalité décide librement de châtier des enfants, et les familles ont des difficultés à payer la cantine de leurs enfants…
Il devient donc évident que la cantine, en ce qu’elle a de central dans la vie à l’école, dans le rapport qu’elle entretient avec la santé de la jeunesse, devrait être améliorée sur plusieurs axes. Ainsi, elle devrait non seulement devenir gratuite pour tous, mais également voir les différents plats qui composent ses menus gagner en qualité. Exit les plats industriels surgelés ou dans de gigantesques boîtes de conserves, si courants dans les cantines de tout le pays, préparés à la va-vite et avec nombre de produits issus de l’élevage d’animaux ! Il est nécessaire de mieux nourir la population en général, et cela commence par mieux nourir les enfants !