Pour un réveil de la Gauche en 2020 !

L’année 2020 débute et la Gauche auvergnate comme nationale fait face à des enjeux somme toute importants et il importe qu’elle en prenne conscience.

Tout d’abord, il y a la question de la mobilisation contre la réforme des retraites. Nous avons déjà eu l’occasion de le dire : on a besoin de politique ! Les syndicats, et en particulier la direction de la CGT, tablent sur une reprise du mouvement et espèrent – ou donnent l’impression d’espérer – que le gouvernement va céder. Laurent Brun, à qui l’on prête l’ambition de remplacer Philippe Martinez à la tête de la confédération, avance une ligne très radicale, parlant même de « révolution », et prête à en découdre. De même, il parle de refondation idéologique de la Gauche, ce qui est évidemment une bonne chose. S’agit-il d’une réelle affirmation politique de la lutte des classes ou n’est-ce qu’une version radicale du syndicalisme ? Ce sera à suivre avec intérêt (lire cet article).

Il faut à ce titre souligner la ridicule auto-intoxication de nombreux opposants radicaux à la réforme (ce que nous sommes également, évidemment) qui prennent pour prétexte un sondage publié par FranceTV, pour dire que 75 % des Français sont contre la réforme… alors qu’en réalité, le détail du sondage (à prendre certes avec précaution) indique que 29 % seulement veulent le retrait total du projet de réforme, tandis que 46 % ne veulent que l’amender un peu.

Le gouvernement l’a bien compris et envisage de lâcher du lest, au besoin, pour amadouer la CFDT qui, elle, a bien l’intention d’attraper la première main gouvernementale ou patronale qui voudra bien en faire un « partenaire privilégié ». Le Canard Enchaîné s’est fait également l’écho des hypothèses formulées par le gouvernement concernant Force ouvrière, qui pourrait se lasser d’être à la traîne de la CGT et « revenir à la table des négociations », selon la formule consacrée.

Bref : la lutte contre la réforme des retraites et très loin d’être gagnée et ce n’est pas en suivant simplement les directions syndicales et leurs bureaucraties. D’autant plus qu’il ne faut jamais perdre de vue le très faible poids des syndicats dans notre pays, ainsi que leur tradition historique, héritée de la Chartes d’Amiens, qui consiste à concevoir le syndicalisme comme séparé de la Gauche politique.

On a pu le constater hier : l’opposition à la réforme continue à mobiliser du monde. 15 000 personnes à Clermont, 1300 à Moulins, 1000 à Aurillac, 5000 au Puy-en-Velay. Ce n’est pas rien ! Et pourtant le risque de l’impasse est grand si on s’en tient là. Il est absolument nécessaire de dépasser le syndicalisme par l’affirmation d’une politique de Gauche. Sans quoi, la négociation avec les directions syndicales, et le matraquage des manifestants auront raison du mouvement. Non seulement le gouvernement libéral en sera renforcé, mais en l’absence d’une Gauche capable de porter un réel projet de transformation de la société, la démagogie sociale-nationaliste et le populisme gagneront du terrain. En ne réagissant pas, la Gauche favorise une « remise en ordre » de la société par en-haut, avec un régime fort, appuyé par l’armée, au nom de l’unité nationale. C’est le sens des appels réguliers au général de Villiers.

Quelques initiatives fleurissent ça et là, mettant en avant l’union de la gauche et évoquant la possibilité de proposer une vision de la société, mais tout cela reste très marginal. La Gauche paye, outre ses divisions, sa déconnexion d’avec les masses populaires. Noyée depuis des années dans l’électoralisme, le post-modernisme universitaire, le para-syndicalisme passif, et le populisme rampant, elle a perdu tout ancrage auprès des travailleurs, et a progressivement renié ses valeurs historiques universalistes, issue du mouvement ouvrier. Il n’y a plus ni socialistes, ni communistes, en France. Et, en face, la menace nationaliste autoritaire gronde…

Le Parti socialiste, après avoir vu l’aile gauche (Hamon) et l’aile droite du rocardisme (Valls) enterrer tout lien avec le républicanisme de gauche de Mitterrand (avec l’aide du quasi-gaulliste Montebourg), ne sait plus où il en est, et formule un républicanisme social et un peu vert, aux contours flous et au contenu creux.

Génération.s propose donc un rocardisme de gauche, une « deuxième gauche 2.0 » qui a le mérite de vouloir s’ancrer à Gauche et de mettre en avant la question écologique, mais qui se noie dans le post-modernisme et la coupure avec l’histoire ouvrière de la Gauche.

Le PCF de Fabien Roussel se veut plus indépendant que celui de Pierre Laurent, mais en reste à son para-syndicalisme habituel, mêlé d’un républicanisme très tricolore.

Europe écologie – les Verts, égal à lui-même, hésite entre une écologie « ni droite, ni gauche » opportuniste, ou une écologie plus à « gauche », mais qui tombe facilement dans un altermondialisme idéaliste voire irrationnel (on pense à la mise en avant du réactionnaire Pierre Rabhi par des cadres du parti).

Jean-Luc Mélenchon et son organisation « gazeuse » continuent de mettre en avant leur populisme outrancier, leur nationalisme politique, et leur rejet agressif de la Gauche. Si des pas de côté sont faits en direction de la gauche, ce n’est plus que par pur opportunisme des cadres de cette formation politique. Les militants, eux, ont fondu et, faute d’organisation et de démocratie, ont chacun leur propre ligne, de toute façon.

Bref : la Gauche doit se réveiller. Il lui faut porter l’organisation de réelles assemblées générales des travailleurs. Il lui faut mettre en avant un véritable projet de société dépassant le capitalisme et défendant la Nature. Sinon, la seule alternative au nationalisme autoritaire et agressif du Rassemblement national, ce sera le libéralisme destructeur d’Emmanuel Macron : la catastrophe assurée !

A plus court terme, il convient de se poser la question des élections municipales. En 2014, le rejet du quinquennat de François Hollande, et la division de la Gauche avaient, en Auvergne, permis à la droite de gagner plusieurs villes, notamment dans l’Allier et dans le Puy-de-Dôme.

Nous allons publier, dans le cadre de ces élections, la page suivante, où l’on pourra retrouver diverses informations et analyses :

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